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Les risques de l’usage de la tablette à l’école

Les risques de l’usage de la tablette à l’école

La rentrée scolaire 2022-2023 en Algérie a été marquée cette année par l’introduction de la tablette à l’école primaire.

Dans le cadre des mesures visant à alléger le cartable des écoliers, le ministère de l’Education nationale a pris l’initiative de doter 1 629 établissements scolaires de tablettes, en attendant la généralisation « progressive » de l’opération à l’ensemble des écoles du pays.

Salah Lazari, inspecteur de l’éducation à la retraite, estime toutefois que l’usage des tablettes risque de compromettre le rendement pédagogique des écoliers en tenant compte des sureffectifs.

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« Le rendement pédagogique est mille fois mieux avec des classes de 25 élèves sans tablettes qu’avec des classes de 45 avec tablettes », affirme le pédagogue dans un texte publié sur sa page Facebook.

« La tablette pourrait servir à la compréhension, mais jamais à la production », tranche-t-il.

Salah Lazari, ancien professeur de français au CEM, ajoute que « le sureffectif ou la surcharge des classes rend quasiment impossible la production ».

« En classe, l’élève apprend à comprendre ce qu’il écoute ou ce qu’il lit. À ce niveau, la tablette pourrait l’aider, et l’effectif est gérable. Il apprend aussi, et surtout, à produire, à parler, à rédiger, à résoudre des problèmes. À ce niveau, la tablette ne sert à rien, et le sureffectif en est un obstacle infranchissable. Faire parler 45 élèves en 45 minutes, avec préparation, orientations, évaluations, reformulations, etc., signifie que chaque élève est appelé à produire un discours oral, grammatical et intelligible, en quelques secondes », détaille-t-il.

Pour lui, les élèves aussi intelligents, ne sont pas des « surhumains ». Selon ce pédagogue, de « bien meilleures solutions existent » et qu’il « suffit de consentir des efforts, de la sagesse et de la rationalité pour les trouver ».

« Les enseignants sont-ils prêts? »

Fatma-Zohra Sbaa, professeur de psychologie clinique à l’Université d’Oran 2 ne s’inquiète pas tant pour les enfants du fait de leur capacité d’adaptation surtout aux outils numériques, mais elle s’interroge sur la capacité des enseignants à manier ce genre d’outils.

Selon elle, l’enseignant doit être lui aussi en capacité d’être au fait de cet outil pédagogique. « Surtout dans le cycle du primaire, il y a peut-être des enseignants qui ne connaissent pas le maniement des tablettes. Est-ce que les enseignants ont été formés à cela ? », interroge-t-elle.

L’universitaire relève que les enfants s’adaptent très facilement « à différentes langues et à différents modes d’apprentissage » mais la grande interrogation pour elle c’est de savoir si « les enseignants seront à même d’adopter et d’adapter leurs techniques d’enseignement qu’ils ont pratiquées depuis des années et de passer à la tablette au lieu du tableau, de la feuille, etc. ».

Pour elle, cette adaptation ne relève pas de l’évidence. « Regardez à l’université, les problèmes que nous avons avec les plateformes d’enseignement et tout ce qui est informatique, eh bien on ne s’en sort pas encore », témoigne-t-elle.

Selon Mme Sbaa, il y a un autre aspect qui pourrait surgir avec la généralisation des tablettes à l’école.

« Des enfants qui passent de l’iPad ou d’une tablette perfectionnée à une autre extrêmement sommaire et basique de l’éducation nationale, auront l’impression de revenir en arrière », prévient-elle. L’autre enjeu évoqué par Mme Sbaa c’est celui de l’évaluation de l’enseignement avec des tablettes.

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