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« Lobby algérien » en France : de quoi parle Ouyahia ?

« Lobby algérien » en France : de quoi parle Ouyahia ?

NEWPRESS

Le premier ministre Ahmed Ouyahia souhaite la mise en place d’un lobby algérien en France. Le RND, le parti qu’il dirige, a demandé dimanche 15 octobre à ce que la communauté nationale établie en France constitue un « lobby économique et politique en France ».

L’emploi du terme « lobby » de manière aussi assumée par un parti politique a de quoi surprendre dans la mesure où il a encore une connotation négative dans l’imaginaire collectif.

En effet, le lobbying demeure un concept assez flou regroupant des groupes de pression agissant de manière plus ou moins déloyale pour favoriser leurs propres intérêts (association, syndicat, think-thank, etc).  Mais, il faut rappeler que le mot « lobbying » désigne d’abord les stratégies qui cherchent à avoir un impact, et donc à modifier la fabrique de la loi.

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De plus, l’appel du RND tend à laisser penser qu’aucun groupe ne défendrait, à l’heure actuelle, les intérêts de l’Algérie en France. On peut donc s’interroger sur l’intention des auteurs de ce communiqué.

Potentiel algérien

Il existe pourtant bien en France des groupes qui défendent les intérêts algériens. L’association de la Maison de l’Algérie, créée en 2010, s’adresse à la diaspora algérienne dans l’Hexagone et cherche à promouvoir l’économie, la culture, mais aussi le tourisme. Elle a notamment mis en place un programme d’échange à destination de la jeunesse entrepreneuriale en France qui souhaite mettre à profit ses compétences en Algérie. L’association se bat également pour l’ouverture d’une Maison de l’Algérie au sein de la cité universitaire internationale de Paris. Un projet, initié en 2005 par Alger et Paris, mais qui est toujours au point mort.

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Autant dire que le message du RND à l’intention de la communauté algérienne de France a de quoi agacer Naima Iratni, la présidente de l’association de la Maison de l’Algérie. « Cet appel sonne comme une critique et sous-entend que le lobby algérien serait inefficace ou mal organisé. Mais qui empêche son organisation ou le désorganise ? À la Maison de l’Algérie, on travaille pour que des initiatives voient le jour mais du côté de l’Ambassade et des consulats, on ne cesse de nous balader », indique-t-elle à TSA.

« Nous sommes la première communauté étrangère en France et la moins bien structurée. Si le gouvernement algérien veut défendre les intérêts algériens en France, pourquoi ne pas créer un poste de secrétaire d’État à la communauté ? », interroge Naima Iratni qui considère qu’une telle annonce est révélatrice d’un « défaut de connaissance de la communauté algérienne en France ».

Des élus d’origine algérienne à l’Assemblée nationale

Au sein des institutions françaises, il existe également des groupes d’amitié, parfois nécessaires à l’exercice d’une diplomatie parlementaire. Si l’action de ce type de groupes à l’Assemblée nationale (française) est mal connue, ils peuvent néanmoins constituer des leviers intéressants dans les relations bilatérales, estime Guillaume Courty, professeur de sciences politiques à Lille II et au CNRS. « Ils peuvent éventuellement jouer le rôle de guichet d’entrée pour des discussions entre États », précise le chercheur.

Bien qu’il ne faille ni surestimer, ni fantasmer l’impact de ce type d’organisation, il est nécessaire de noter que le groupe d’amitié franco-algérien à l’Assemblée nationale est depuis début octobre -et pour la première fois- présidé par une femme députée d’origine algérienne, Fadila Khattabi.

Une double-identité qu’elle compte bien mettre à profit pour « développer des projets » entre les deux rives ou « faire avancer certains dossiers ». « Le but, c’est de travailler ensemble avec la mise en place d’un partenariat gagnant-gagnant que ce soit en matière de coopération universitaire ou au niveau économique », indique l’élue à TSA. Ce groupe d’amitié compte aussi deux autres parlementaires d’origine algérienne, Belkhir Belhaddad et Brahim Hammouche, élus en juin dernier.

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