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Manifestants éborgnés par les policiers : vague d’indignation et de solidarité

Manifestants éborgnés par les policiers : vague d’indignation et de solidarité

Un cache-oeil pour dénoncer les violences policières contre les manifestants. Ce mardi, lors de leur 43e marche à Alger, ils sont plusieurs dizaines d’étudiants à se couvrir un œil avec un patch en signe de solidarité avec les manifestants éborgnés en fin de semaine dernière par la police dans plusieurs wilayas.

La violente charge policière, lors des manifestations du jeudi 12 décembre, jour de l’élection présidentielle, contre des manifestants pacifistes en Kabylie, à Tizi, Béjaia et à Boumerdès, faisant plusieurs blessés dont certains ont perdu un œil, a soulevé une vague d’indignation au sein de l’opinion publique et des organisations des droits de l’Homme.

« On a enregistré près d’une dizaine de blessés entre le mercredi et jeudi 12, à Bouira (M’chdallah, Ath Laksar), Béjaïa (Oued Ghir, Tichy et Akbou) et Tizi-Ouzou (Bouzeguene). Ce sont des jeunes manifestants pacifiques qui ont reçu des balles en caoutchouc dans l’œil, lors des affrontements avec les forces de l’ordre. Ils ont été tous évacués en urgence vers des hôpitaux proches, certains ont perdu la vue définitivement », explique Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH) dans une déclaration à TSA. Il exprime au nom de la LADDH « toute sa solidarité avec les blessés et se réjouit de la solidarité populaire qui commence à se manifester à leur égard ».

« La LADDH, ajoute M. Salhi, réitère son constat contrairement au communiqué de la DGSN, qu’il y a eu un recours disproportionné à la force. Par conséquent, elle appelle les services de l’État pour un suivi et une prise en charge médicale mais aussi sociale de tous les blessés, les victimes et leurs familles. Aussi ces blessés ne doivent pas être oubliés par le Hirak ».

« L’un d’eux m’a fixé et m’a tiré dessus »

Les témoignages des victimes accablent les policiers. Un jeune Béjaoui, Kader Ait Amari, a témoigné sur Berbère télévision des circonstances de sa blessure. Il a reçu droit dans l’œil une balle en caoutchouc lui causant une grave blessure.

« J’étais dans la boutique d’un ami. Il faisait nuit. J’ai tendu l’oreille à l’extérieur pour m’assurer si les choses s’étaient calmées. Je suis sorti pour fuir et trouver refuge à la maison lorsque je vois devant moi un cordon de CRS avec des boucliers qui encerclent les lieux. L’un d’eux m’a fixé et m’a tiré dessus », a affirmé le jeune garçon.

À Bouira également, on compte plusieurs blessés dont certains ont subi une perte irréversible d’un œil, selon le CNLD. « Les événements douloureux survenus jeudi 12 décembre ont causé des blessés importants (tirs avec bombes lacrymogènes et balles en caoutchouc) où trois personnes ont perdu l’œil et qui se trouvent toujours au niveau de l’Hôpital de Bouira. Il s’agit de : Ouchene Amar (34 ans, marié avec 02 enfants, Haïzer) ; Djemai Amazigh (20 ans, lycéen, Ath Laâziz) ; Dahmouni Lounis (20 ans, Ath Laksar – Ouled Rached) ainsi qu’une 4e personne, Sinacer Abdelwahab (14 ans, Haïzer) sorti avec une fracture de la mâchoire. Au total il y en a 250 citoyens de Haïzer blessés lors des émeutes de jeudi dernier », écrit le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Vers des actions en justice

En guise de soutien aux victimes des dernières violences, le CNLD informe que l’avocate Maître Lounis Ourida invite les familles des blessés, « à se rapprocher des médecins-légistes aux fins d’établir des PV faisant ressortir le lien de causalité entre la perte de l’œil ou autre blessure, et la balle en caoutchouc, ou bombe à lacrymogène, et ce pour pouvoir asseoir un dépôt de plainte ».

« J’informe ces victimes, que je me porte volontaire pour les assister et les aider. Ce travail est déjà entamé avec les jeunes de Haïzer (Bouira), et Larbaâ Nath Irathen », a fait savoir l’avocate.

Des anonymes et des personnalités connues ont affiché leur solidarité avec les blessés à travers des photos les montrant cacher du creux d’une main un œil. On compte parmi les personnalités solidaires notamment le chanteur kabyle Zedek Mouloud et le commentateur sportif Hafid Derradji.

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solidaire des victimes de la repression

Publiée par ‎Algeria – New Start الجزائر – بداية جديدة‎ sur Lundi 16 décembre 2019

Le coup de gueule de Yasmina Khadra

De son côté, l’écrivain algérien Yasmina Khadra s’est fendu d’un post très critique sur son compte Facebook dans lequel il dénonce « une agression aussi lâche et disproportionnée contre la marche pacifiste observée à Oran » et ailleurs dans le pays. Pour lui, « rien ne justifiait » une agression pareille.

« Rien, sinon le zèle et l’irresponsabilité. Éborgner des personnes dont le seul tort est de ‘’VOIR CLAIR’’ les enjeux qui menacent le destin d’une nation qui n’a de cesse de subir le ridicule et l’absurdité, une nation qui a compris que les lendemains ne pardonnent pas aux peuples inattentifs, est un comble », écrit l’auteur de « L’attentat ».

Pour Khadra, « aucune tranquillité ne peut prétendre à des garanties sans la liberté ». L’auteur de « À quoi rêvent les loups », estime que « l’Algérie est dans une impasse puisque personne ne veut revoir sa copie. Et Dieu sait combien, dans la pétaudière, la voix de la sagesse est triste à pleurer ».

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