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Manifestants, policiers, badauds, tous unis dans une belle pagaille à Place Audin

Manifestants, policiers, badauds, tous unis dans une belle pagaille à Place Audin

‘’Nous exprimons notre opinion sur cette élection’’, et ‘’nous usons de notre droit à la liberté d’expression’’. Avec un bel aplomb, ces deux jeunes filles, l’âge du lycée, venues participer à la manifestation contre le 5e mandat, dimanche à la Place Audin, affichent leurs convictions et leur détermination.

Téléphone portable dans une main, l’emblème national dans une autre, elles marchent avec assurance au milieu d’une foule bigarrée de badauds, de manifestants et de policiers, dans un désordre, qui fait la joie des amateurs photographes.

Nous sommes à la rue Didouche Mourad, près de la Place Audin où des magasins de prêt-à-porter sont ouverts, d’autres fermés ou rideaux à demi-baissés. L’agence commerciale d’EgyptAir est fermée, contrairement à l’agence commerciale de Djezzy qui reçoit normalement ses clients.

Des policiers en civil, visibles à leur comportement, surveillent, adossés aux entrées d’immeubles, les allées et venues des passants. Les policiers antiémeute, eux, évoluent d’une manière inhabituelle, une fois ils sont face aux manifestants qui scandent des slogans anti pourvoir et anti Bouteflika, là discutent avec des passants. D’autres restent à l’écart et tiennent les badauds à distance du groupe de manifestants.

Au milieu de cette cohue, avec des policiers qui ont usé cependant de gaz lacrymogènes pour empêcher les manifestants de se diriger vers la Grande Poste, il y a des manifestantes venues elles également manifester. ‘’Le train du changement a démarré’’, scande une femme, portant bien en évidence une pancarte où était dessiné un sens interdit barré d’un 5, symbolisant le refus du 5e mandat. Sagement alignées sur le trottoir, près de l’arrêt de bus de la Place Audin, elle et ses amies semblaient bien contentes d’être là, de manifester leur opposition au 5e mandat.

« Qui êtes-vous ? » – « Je suis Sofiane Djilali »

Un peu plus loin, face à l’agence Badr, les manifestants scandent « Non au 5e mandat’’, ‘’voleurs, vous avez tué le pays’’. Les policiers assistent à la manifestation, sans intervenir, mais encadrant les manifestants, pour les empêcher de monter vers le haut de la rue Didouche Mourad et se diriger vers la présidence. Des manifestants sont embarqués et emmenés dans des fourgons cellulaires. On ignore comment les policiers sélectionnent les personnes à interpeller mais ils semblent savoir ce qu’ils font.

Il y avait aussi beaucoup de badauds, des gens de passage happés par la foule, ou d’autres, venus assister à la ‘’manif’’, qui ne se privent pas d’immortaliser le moment. Un vieux, faisait de son côté les va-et-vient, une fois vers les manifestants en leur offrant des serviettes et du vinaigre pour résister aux effets du gaz lacrymogène, une autre fois vers les policiers pour les gratifier de la même générosité lorsqu’il y a eu des tirs de gaz lacrymogène. ‘’Une belle pagaille’’ que cette manifestation, lâche un journaliste.

Et puis, le côté sidérant de cette manifestation lorsqu’un jeune est venu dire à Sofiane Djilali à la fin de son ‘’speech’’, ‘’qui êtes-vous ?’’. ‘’Je suis Sofiane Djilali’’, lui a répondu le coordinateur de Mouwatana, ce qui n’a pas semblé impressionner ce badaud, très vite aspiré par la foule.

Un moment calmée, la manifestation a repris vers 14.30, et le gros des manifestants s’est de nouveau recentré sur la Place Audin. Prévue de 12 heures à 14 heures, la manifestation joue les prolongations au milieu de coups de klaxons d’automobilistes.

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