Politique

Mardi 116 : les marches empêchées, plusieurs arrestations

Pour le troisième mardi de suite, la marche des étudiants a été empêchée à Alger. Plusieurs manifestants, ainsi que des journalistes, ont été interpellés. Même scénario à Tizi-Ouzou, Constantine et Béjaïa où les manifestations ont été interdites après s’être déroulées le plus normalement du monde ces deux derniers mardis.

L’option de l’interdiction des marches estudiantine se confirme donc. Lors du 114e mardi, le 27 avril, un impressionnant dispositif de sécurité avait été déployé dans le centre de la capitale, notamment sur l’itinéraire habituel de la marche des étudiants et son lieu de départ, la place des Martyrs. La police a occupé les lieux et procédé à plusieurs arrestations. Le scénario s’est répété mardi dernier, 4 mai, puis donc ce 116e mardi, 11 mai 2021.

| Lire aussi : Marches du Hirak : le ministère de l’Intérieur exige une déclaration

Malgré la répression des deux dernières marches, et la ferme mise en garde du ministère de l’Intérieur contenue dans son communiqué de dimanche dernier, des étudiants se sont tout de même déplacés dans le centre d’Alger avec l’intention de prendre part à la marche si elle a lieu. De nombreux citoyens aussi, comme ils ont l’habitude de le faire depuis les premières marches de 2019.

Néanmoins, dès la matinée, il n’y avait aucune illusion à ce que la marche soit de nouveau tolérée dans la capitale. Le même dispositif sécuritaire dissuasif est déployé. Les places habituelles du Hirak estudiantin sont occupées par des dizaines de véhicules de police, de la place des Martyrs à la Faculté centrale, en passant par l’esplanade de la Grande poste.

Les irréductibles du Hirak arrivent comme d’habitude vers 11h, mais la police veille au grain. Elle ne laisse personne s’approcher des endroits susceptibles d’être le lieu de départ de la marche et multiplie les vérifications d’identité. Comme lors des deux derniers mardis, les interpellations se suivent parmi de potentiels manifestants.

Des journalistes arrêtés

La nouveauté ce mardi, c’est l’arrestation de nombreux journalistes. Selon plusieurs sources, dont le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), au moins cinq journalistes ou photographes ont été interpellés alors qu’ils couvraient l’événement.

Parmi eux, Khaled Drareni qui a passé dix mois en prison entre mars 2020 et janvier 2021 après son arrestation dans les mêmes conditions, c’est-à-dire en couvrant une marche du Hirak. Jusqu’en milieu d’après-midi, ils n’étaient pas encore relâchés.

De nombreux manifestants ont été interpellés. Le CNLD avance le chiffre de 20 arrestations devant le bureau de poste de la Gare Agha. Des dizaines d’étudiants et de citoyens ont été également arrêtés mardi et vendredi passés. La plupart seront relâchée, mais certains ont été présentés devant la justice. C’est le cas de quatre manifestants arrêtés lors du vendredi 116 et placés en détention provisoire au même moment où était empêchée la marche de ce mardi à Alger.

Les marches estudiantines ont été également empêchées à Béjaïa, Tizi Ouzou et Constantine. Des arrestations sont aussi signalées dans ces villes. Mardi dernier, les manifestations s’étaient déroulées le plus normalement du monde à Béjaïa et Tizi-Ouzou. Ce mardi, les manifestants ont été bloqués après quelques centaines de mètres de marche.

Dimanche dernier, le ministère de l’Intérieur avait indiqué dans un communiqué que les marches hebdomadaires seront considérées comme illégales si elles ne sont pas précédées d’une déclaration auprès des services compétents, conformément à la Constitution.

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