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Maroc : « Absentéisme royal » et intrigues de palais

Maroc : « Absentéisme royal » et intrigues de palais

Cela fait plusieurs mois que le roi du Maroc Mohamed VI vit plus à l’étranger que dans son royaume. Une situation qui suscite interrogations et inquiétudes dans un pays où le roi « est tout ».

Lundi 28 novembre, Mohamed VI a fait une rare apparition publique en inaugurant en personne une nouvelle gare routière à Rabat. Cela fait longtemps que le souverain n’a pas eu une telle activité. A-t-il décidé de mettre fin à ses absences prolongées ?

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Au Maroc et à l’étranger, l’événement a en tout cas rappelé à tout le monde que le roi a été plus absent que présent ces derniers mois. L’occasion est saisie pour revenir sur l’ « absentéisme » royal entamé au printemps dernier.

« C’est un roi totalement absent, qui partage son temps entre Paris et le Gabon, et qui a pris la décision calculée de se consacrer aux plaisirs de la vie », écrit le journal espagnol El Independiente qui a consacré un long article à la situation inédite qu’a créée au Maroc l’absence du roi.  Le journal parle de « l’aggravation de l’absentéisme » royal.

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Depuis le printemps dernier, Mohamed VI est à l’étranger, principalement à Paris, où il se soigne et s’offre en même temps des « vacances quasi perpétuelles ».

L’énième preuve de son absence, c’est cette vidéo diffusée récemment, le montrant titubant dans les rues de Paris au milieu de la nuit.

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Mohamed VI « est revenu à ses anciennes habitudes », affirment au journal des sources au fait des secrets du palais royal marocain. Un spécialiste de la famille royale marocaine, cité par le même journal, explique que si Mohamed VI ne se soucie « plus de rien, ni de son image, ni de ce qu’on dit de lui, ni des affaires les plus graves de l’État, c’est qu’il a décidé de vivre la vie qui lui reste. » « Et c’est précisément ce qu’il est en train de faire », a-t-il ajouté.

Il ne s’agit pas seulement de séjours répétés en dehors du pays. Mohamed VI a à peine mis les pieds au Maroc, et c’est ce qui n’est pas normal. Il ne rentre qu’en cas d’extrême nécessité, pour quelques heures, le temps d’enregistrer un discours par exemple, à l’occasion d’une date qu’il ne peut pas manquer, comme la fête du trône.

« Il va au Maroc, parle comme un perroquet et revient en France. Il ne dort pas à Rabat. Il enregistre son discours et au revoir », révèle le même spécialiste.

A Rabat, particulièrement dans le palais royal, on s’inquiète aussi de la proximité du roi avec de « nouveaux amis ». Il s’agit du boxeur Abu Baker Azaitar et ses deux frères.

Vide et silence

Les Azaitars l’accompagnent partout où il va. Ils sont accusés de porter atteinte à l’image de la monarchie et du roi et de jouer un rôle politique important dans le royaume.

Ce qui a donné lieu à « une bataille digne du meilleur roman d’intrigue », entre les trois sœurs du roi et le prince héritier Moulay Hassan d’un côté,  et « les nouvelles compagnies du roi » de l’autre.

Ces escapades royales interviennent au plus mauvais moment pour le Maroc. D’abord, tout le monde est dérouté, les partis politiques, le gouvernement, le Parlement et les services secrets.

Le roi a habitué le pays à fonctionner avec sa personne comme unique source de toutes les décisions. « Aux absences régulières du roi s’ajoute le vide politique, rendant les tensions sociales encore plus fortes », estime le journaliste marocain établi en France, Hicham Mansouri.

Les choses sont encore rendues plus problématiques avec l’absence d’un « gouvernement légitime capable d’interagir avec les citoyens », dans un pays privé  de canaux de contre-pouvoir et de médiation par « l’affaiblissement de la société civile et la répression des médias et des journalistes », estime-t-il, ce qui fait que « le palais se retrouve plus que jamais sans pare-chocs face aux demandes et attentes croissantes de la population ».

La propagation du Covid-19, d’abord, et la sécheresse, ensuite, ont exacerbé la crise économique et sociale et les abîmes sociaux n’ont cessé de croître, rappelle El Indépendante.

« En l’absence de canaux de médiation, la situation peut se résumer en deux mots : vide et silence. Un silence qui peut précéder une tempête. C’est difficile à prévoir mais une grande contestation sociale moins pacifique que les précédentes n’est pas à exclure », prévient Hicham Mansouri.

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