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Mourad Harzallah, l’art de sublimer la faune algérienne

Mourad Harzallah, l’art de sublimer la faune algérienne

Mourad Harzallah est professeur d’arts plastiques, mais sa véritable passion, c’est la nature et les animaux. Depuis plus de dix ans, il parcourt l’Algérie à la recherche d’espèces rares et inconnues.

La faune algérienne n’a plus de secrets pour lui. Ce passionné de photographie a immortalisé plus de 300 espèces d’oiseaux en Algérie. Grâce à ses clichés, la liste des espèces répertoriées dans le pays s’allonge chaque année.

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À la rencontre d’un photographe naturaliste

Grand amateur de randonnées depuis toujours, Mourad Harzallah, 49 ans, décide il y a un peu plus de dix ans de connecter ses deux grandes passions : la photographie et les animaux.

« Très jeune, je faisais déjà de la randonnée. J’ai toujours eu cet amour pour la nature. Mais la différence entre moi et un randonneur lambda est que je m’attardais sur chaque petit détail, que ce soit les plantes, les insectes, ou les animaux. La découverte a toujours été mon objectif »,  raconte Mourad Harzallah à TSA.

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Soutenu par son entourage, il se lance dans la photographie animalière en 2014.

« Les gens autour de moi relevaient à chaque fois mon amour pour les randonnées et les nuits en pleine nature.  Ils m’ont suggéré et convaincu de me lancer dans la photographie. C’est comme ça que j’ai commencé à photographier petit à petit les espèces que j’observais durant mes sorties en forêt », explique-t-il.

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Avec de « très simples moyens », ce photographe autodidacte débute alors dans ce domaine, avec un objectif simple : « Mettre en lumière l’animal, mais surtout, de capturer les espèces les plus rares dans le pays ».

« Lorsque j’ai commencé,  je prenais des clichés classiques. Mais j’ai vite compris que cela ne suffirait pas, et qu’il fallait que les photos et vidéos soient d’une excellente qualité. Sinon, il serait impossible pour les scientifiques d’identifier les espèces ».

 

Avec le temps, l’expérience, et parce qu’il « travaille avec le cœur », Mourad Harzallah se perfectionne « rapidement ». Son appareil photo devient son inséparable compagnon.

« Quand on fait quelque chose que l’on aime, on apprend vite et le travail ne peut que réussir », estime-t-il.

 

« Une relation de confiance »

 

Mourad Harzallah a réalisé à ce jour des centaines de photos animalières en Algérie. Ce genre photographique est, selon lui,  « le plus complexe » à réaliser.

 

« Ce n’est pas facile de photographier un animal, et surtout un animal sauvage. La photo animalière est la photo la plus difficile à réaliser. Contrairement aux autres types de photos, on ne peut pas donner de consignes ou essayer de contrôler ce que l’on photographie », dit-il.

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Il explique que pour  photographier un animal, « il faut avant tout nouer une relation de confiance avec lui ».

« Avec le temps, on n’apprend à photographier les animaux sans les effrayer. Il faut savoir développer une relation de confiance avec l’animal. Quand un animal est en confiance, il ne cherche pas à s’échapper, c’est ce qui facilite la prise de clichés », confie-t-il.

Et pour prendre de bons clichés, le plus important est, selon lui, « d’être aussi prévoyant que patient ».

 

« Il faut penser à tout. La lumière, le camouflage, choisir le bon moment, et surtout, être patient. Parfois, il faut attendre des mois pour prendre une belle photo », détaille M. Harzallah.

 

« Il y a une multitude de paramètres à prendre en compte quand on veut photographier un animal, notamment ses endroits et ses moments préférés. Par exemple, pour prendre en photo un oiseau, il vaut mieux le faire le matin, deux heures après le lever du soleil », explique Mourad Harzallah. Quand il s’agit d’animaux sauvages, « l’animal doit  impérativement être en confiance ».

 

« Lorsque j’ai voulu photographier un renard roux, il a fallu que je dépose des affaires personnelles à moi à l’endroit où il rodait pour qu’il s’habitue à mon odeur et soit en confiance », raconte Mourad Harzallah.

 

« Il y a beaucoup d’espèces rares en Algérie »

 

Mourad Harzallah a photographié plus de 300 espèces d’oiseaux en Algérie. Certains de ces clichés ont permis de répertorier des espèces rares dans le pays.

« Pour certaines espèces, on se doutait qu’elles existaient en Algérie. Grâce aux clichés, nous avons  pu confirmer leur présence dans le pays. Tandis que pour d’autres espèces, c’est grâce aux photos que nous avons su qu’elles existaient ici ».

 

Parmi les espèces identifiées en Algérie grâce à ses photos, Mourad Harzallah cite l’Alouette des Dune, qu’il a immortalisée à Djanet, le Roitelet Huppé et le guêpier à gorge blanche. « Nous l’avons photographié récemment à Ain Guezzam », ajoute-t-il, en affirmant qu’« il y a beaucoup d’espèces rares en Algérie ».

 

Il déplore toutefois que le pays soit « encore une terre vierge. Contrairement aux amateurs, les gens spécialisés dans ce domaine ne font pas assez d’efforts pour découvrir les espèces rares. L’année dernière, en hiver, grâce au travail des amateurs, nous avons ajouté quatre espèces à l’ornithologie en Algérie. C’était la première observation de ces quatre oiseaux dans le pays ».

 

Mourad Harzallah affirme avoir photographié « la plupart » des mammifères en Algérie. Son plus grand rêve est, dit-il, de photographier le caracal (le lynx d’Afrique) observé déjà dans l’ouest du pays.

« Un animal très discret », selon lui, mais aussi d’immortaliser le serval, un félin proche du chat doré africain, et la Gypaète Barbu. « C’est un oiseau qui n’a jamais été observé en Algérie. Certains disent l’avoir vu, mais il n y a aucune preuve ».

 

Cet amoureux de la nature tient à lancer un dernier message. « Il est primordial de préserver la biodiversité animale. En Algérie, aucun animal sauvage ne présente un danger pour l’homme. Même le loup doré et la hyène rayée, qui ont tous deux été observés dans le pays, ne sont pas dangereux pour l’homme. Si un animal s’attaque à l’homme, c’est que ce dernier s’en est pris à lui ou à ses petits. C’est une réaction de défense uniquement. Il faut respecter les animaux ».

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