Politique

Pénuries de médicaments : Benbahmed répond à Benbouzid

Les pénuries récurrentes de médicaments créent des tensions au sein du gouvernement, notamment entre le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid et son collègue de l’Industrie pharmaceutique Lotfi Benbahmed.

Ce dimanche, le premier a lancé une attaque frontale contre le second sur la question du manque de certains médicaments en Algérie. Le Pr Benbouzid est allé jusqu’à se plaindre lui-même de la pénurie de médicaments.

 « Il y a effectivement un manque de médicaments », a-t-il dit ce dimanche aux journalistes qui lui ont posé la question en marge de la célébration de la Journée mondiale du diabète. « Seulement, il ne faut pas se focaliser sur le ministère de la santé qui est aussi demandeur de médicaments », a-t-il ajouté.

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Sans ambages, il a pointé du doigt le département de Lotfi Benbahmed. « Ce n’est pas le ministère de la santé qui donne les programmes d’importation des médicaments ou qui établit la liste des médicaments essentiels. Ce volet est dévolu à un autre ministère. Le ministère de la Santé est également soumis au risque (de pénurie) », a-t-il expliqué.

Sans tarder, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a répondu dans un communiqué publié après les déclarations de Benbouzid.

« A l’occasion du 14 novembre journée mondiale du diabétique, le Ministère de l’Industrie Pharmaceutique, rassure l’ensemble des patients diabétiques de la disponibilité continue des produits pharmaceutique et des dispositifs médicaux nécessaires à la prise en charge de cette pathologie », a écrit d’emblée le département de Lotfi Benbahmed dans le communiqué.

Il a expliqué qu’une « série de réunion et d’entretiens avec les laboratoires fournisseurs d’insuline visant une meilleure coordination et négociation » ont abouti à  une « baisse de 20% sur le prix des insulines importées, ce qui permettra de réduire considérablement la facture d’importation des médicaments ainsi que le montant des dépenses des caisses de la sécurité sociale pour la prise en charge du diabète. »

« Ces réunions de coordination ont également permis d’accélérer le lancement des 02 unités de production d’insuline en Algérie à l’horizon 2022 », a-t-il ajouté en guise de bonne nouvelle.

Le ministère de l’Industrie pharmaceutique affirme que « s’agissant de l’une des insulines rapides qui connaissait une tension sur le marché, une quantité de plus de 200 000  unités a été réceptionnée le 9 novembre 2021, dont 100 000 ont été distribuées et 100 000 autres sont en cours de libération. »

Disponibilité de l’insuline pour les diabétiques

En plus de ces quantités, 250 000 boîtes supplémentaires seront « réceptionnées dans les prochaines semaines, ce qui permettra de couvrir largement les besoins du marché national des insulines rapides pour cette fin d’année, sachant que l’ensemble des programmes d’importations pour l’exercice 2022 sera signé avant le 18 novembre 2021. »

Après avoir rassuré les diabétiques sur la disponibilité de l’insuline, le ministère de l’Industrie pharmaceutique est revenu sur sa « démarche inclusive et consultative » avec « l’ensembles des partenaires prescripteurs, experts cliniciens, opérateurs, distributeurs  pharmaciens, Ordres et syndicats ainsi que les associations de patients à leur demande, au sein de l’observatoire national de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutique pour dégager des solutions idoines et pérennes à même d’assurer une disponibilité continue et garantir ainsi l’accès aux soins aux patients. »

Le ministère affirme qu’après des années de « pénuries récurrentes » et de « régulation improbable » faisant la « part belle à l’importation au détriment de la production nationale », il a mis en place une « plateforme numérique recueillant l’ensemble des programmes de production et d’importation ainsi que les stocks des établissements pharmaceutiques permettant ainsi une meilleure anticipation d’éventuelles problématiques d’approvisionnement de matières premières et de produits finis, notamment liées aux perturbations du marché international induites par la pandémie du Covid-19. »

« Cette plateforme n’est cependant pas totalement opérationnelle pour les produits hospitaliers, la partie concernée ne s’étant pas encore conformée à l’obligation réglementaire de communiquer ses stocks afin d’anticiper d’éventuelles ruptures de médicaments essentiels, notamment d’oncologie », a ajouté le département de Benbahmed, allusion à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) qui elle dépend du ministère de la Santé.

Enfin, le ministère de l’Industrie pharmaceutique assure qu’il poursuit avec « abnégation, dans le cadre strict de ses attributions, son plan d’action, dans la sérénité et la concertation avec l’ensemble des parties soucieuses de la protection de la santé publique et du respect des institutions et de l’intérêt national. »

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