Près de 47 millions d’électeurs sont appelés à voter ce dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle française. Si les premiers résultats sont attendus à 20h, deux éléments pourraient toutefois retarder la publication des premières estimations.
Contrairement aux scrutins précédents, les bureaux de vote ferment désormais à 19h, au lieu de 18h, voire 20h dans certaines grandes villes. Une mesure qui doit permettre d’éviter les fuites sur les réseaux sociaux et dans les médias étrangers, mais qui oblige les sondeurs à aller plus vite. Ils ne disposeront que d’une heure au lieu de deux pour livrer les premières tendances.
En outre, les instituts de sondages craignent des résultats très serrés entre les quatre principaux candidats (Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon). Bref, après cette très longue campagne marquée par les affaires de François Fillon, l’éclatement du PS, puis l’attentat jeudi soir sur les Champs-Élysées, les Français devront certainement attendre un peu plus longtemps pour connaître les noms des deux candidats qualifiés pour le deuxième round.
Macron en tête, selon les enquêtes d’opinion
Les derniers sondages publiés vendredi, soit deux jours avant le scrutin, confirment les précédents. Emmanuel Macron, « ni de droite ni de gauche » et la frontiste Marine Le Pen (FN) restent en tête dans les intentions de vote. Suivent François Fillon (Les Républicains) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise). L’étude quotidienne Ifop-Fifucial pour Paris Match, CNews et Sud Radio note une légère progression pour Emmanuel Macron, placé en tête avec 24,5% des intentions de vote (+0,5 point depuis la veille). Les trois autres candidats restent quant à eux stables : Marine Le Pen (à 22,5%), François Fillon (à 19.5%) et Jean-Luc Mélenchon (à 18,5%). Le candidat du PS Benoît Hamon est selon cette même étude crédité de 7%. Les autres enquêtes données vendredi livrent les mêmes estimations.
Vote caché, le « choc Jospin »… Tout est possible
Il faut toutefois rester prudent. D’abord parce qu’il ne faut pas négliger -bien qu’elle soit contestée par les médias français- la thèse du vote caché. Il n’est pas improbable que certains électeurs sondés aient honte, ou ne souhaitent pas dire pour qui ils votent. Dans un tel contexte, il est donc tout à fait possible que les votes en faveur du candidat de la droite et du centre soient sous-estimés. D’autant plus que beaucoup d’électeurs de droite jugent la candidature de François Fillon toujours solide malgré « les affaires ».
Si Jean-Luc Mélenchon a doublé son score dans les intentions de vote en quelques semaines, il faut là aussi se souvenir de l’élection de 2012. Dans les semaines qui ont précédé le premier tour, le candidat avait réalisé la meilleure dynamique de campagne. Crédité de 17% d’intentions de vote le 12 avril 2012, il réalise finalement un score bien en-dessous, avec 11% des suffrages le 22 avril.
De même, le candidat Benoît Hamon, lâché par son propre camp, et dont le programme a été caricaturé avant même d’être défendu, pourrait obtenir un score moins mauvais que celui donné dans les sondages. Enfin, Emmanuel Macron, donné vainqueur pour accéder à la magistrature suprême, pourrait aussi rater la marche. En 2002, le socialiste Lionel Jospin était donné vainqueur.
Le vote en faveur de Le Pen pourrait aussi être sur-estimé. Bien que la candidate FN soit donnée en tête des intentions de vote du premier tour depuis des mois, et qu’elle dispose d’un socle électoral solide, il n’est pas certain qu’elle parvienne à fédérer autant que les médias le disent.
Abstention record ?
L’abstention pourrait en effet être le vrai vainqueur de ce scrutin. Une étude du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) réalisée en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès et Le Monde du 31 mars au 2 avril indique que 79% des sondés se disent intéressés par cette élection, mais seulement 66 % d’entre eux (58% chez les moins de 35 ans) sont certains d’aller voter au premier tour le 23 avril.
À noter, selon cette même étude, que les électeurs de + de 65 ans sont les plus mobilisés pour ce scrutin (75% sont sûrs d’aller voter) et les plus jeunes (- de 35 ans) les plus indécis (58%). En 2012, l’abstention avait atteint 20,5% au premier tour, 16,2% en 2007, et 28,4% en 2002.