Société

Rentrée scolaire : Belabed et la « réalité du terrain »

Le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, est revenu, ce lundi au forum de la Radio algérienne (Chaîne Une), sur les principales mesures prises pour cette année scolaire 2022/2023.

A la tête de celles-ci figure l’allègement du cartable par la généralisation de tablettes, une mesure qui concerne 1 629 établissements dans un premier temps, avant de toucher l’ensemble des écoles du pays.

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D’autre part, le ministère de l’Education a prévu de doter les élèves de 3e, 4e et de 5e d’un deuxième livre qu’ils gardent à l’école afin de ne pas alourdir leurs cartables.

Dans cette optique d’allègement des cartables, le ministre a annoncé que l’opération de dotation des écoles en casiers est en cours d’avancement, sans oublier l’autre mesure consistant à fournir une version numérique de l’ensemble des livres utilisés dans les trois cycles de l’enseignement.

Exceptionnellement, ces versions numériques seront offertes gratuitement pour les élèves du cycle primaire dont le nombre avoisine 6 millions.

 Cette année consacre le retour au système d’enseignement classique, après une parenthèse de deux années (2020 et 2021) marquées par l’enseignement par groupes à cause de la pandémie de Covid.

Un protocole sanitaire a été élaboré par le conseil scientifique préconisant la nécessité de respecter la distanciation physique. La décision de revenir au système classique a été prise, ajoute Belabed, à la suite d’une consultation du conseil scientifique et des partenaires sociaux.

Selon le ministre, la tendance générale chez les syndicats et les associations des parents d’élèves était pour ce type d’enseignement. Néanmoins, cette décision n’a pas été accueillie avec enthousiasme par des syndicats de l’éducation qui ont émis des réserves à ce propos, s’inquiétant notamment de la surcharge des classes.

 Le ministre du secteur a balayé ces craintes en affirmant que la surcharge ne sera pas de « la même intensité » telle qu’elle est décrite, rapporte El Khabar. « Il n’y aura pas de surcharge. Nous avons amorcé quelques solutions dans certaines wilayas, dont les écoles connaissent une surcharge », a déclaré M. Belabed, assurant que les solutions existent pour que cette année scolaire ne connaisse pas ce phénomène.

« Nous redoutons la réalité du terrain »

Du côté des syndicats, c’est un autre son de cloche. D’abord sur la question de la surcharge des classes précisant qu’ils vont juger en fonction de la réalité.

« Ce que nous réclamons c’est qu’il n’y ait pas de surcharge. Nous voudrions que cette rentrée scolaire nous épargne ce phénomène. Si le ministère est en mesure de garantir qu’il y ait des classes sans surcharge, tant mieux. Cependant, nous redoutons la réalité du terrain. Nous espérons que ces déclarations (du ministre) correspondent à la réalité », explique à TSA, Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national des professeurs de l’enseignement ternaire de l’éducation (Cnapeste).

La méfiance des syndicats est liée en partie à l’absence de chiffres dans la communication du ministre de l’Education nationale.

« En plus de l’absence des chiffres dans la communication officielle, les responsables manipulent les données en faisant référence aux quelques écoles qui se comptent sur les doigts, à savoir celles des fins fonds de l’Algérie qui certes, ne souffrent pas de surcharge, mais d’autres problèmes comme le transport, le chauffage, le réseau routier … », relève pour sa part Bachir Kiouas, coordinateur des enseignants du primaire d’Alger Ouest.

« Par contre, ajoute-t-il, la surcharge est le maître-mot dans la quasi-totalité des écoles des grandes wilayas et des villes qui connaissent une densité démographique assez importante ».

 « Les derniers chiffres de l’ONS (Office des statistiques) pour la saison 2018/2019 donnent la moyenne nationale de 34,6 élèves par classe (cycle primaire). Ce qui est très acceptable. Mais ça reste une moyenne nationale qui prend en compte les classes des petits villages et douars et qui remonte à 4 ans », note M. Kiouas.

Le SG du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, demande à savoir quel est le « seuil » pour dire qu’il y a surcharge ou pas, après les assurances du ministre que le phénomène n’est pas de l’ampleur décrite, notamment par les syndicats.

« Si 54 élèves ce n’est d’une ampleur exagérée, à partir de quel seuil on parle de surcharge ? », se demande le syndicaliste.

Concernant l’utilisation des tablettes dans certains établissements, Messaoud Boudiba exprime une réserve. « Le ministre parle de 1 629 établissements qui seront dotés de tablettes. Parallèlement, il y a 20 000 établissements qui n’en sont pas pourvus. C’est ça la réalité du terrain. Nos enfants vont se retrouver dans des établissements sans équipements et sans tablettes », souligne le syndicaliste.

Il relève que la mise à disposition de tablettes dans certains établissements pose un problème technique lié à la disponibilité de l’Internet ainsi que la maintenance.

L’enseignement de l’anglais dans la 3e année du primaire suscite aussi des réserves du SATEF dont le SG estime que ce sera un « échec » avançant quelques raisons à cela.

« De prime abord, chaque enseignant aura trois à quatre écoles primaires. Dans certaines régions, l’enseignant doit parcourir au minimum 10 km surtout qu’il n’y a pas de transport. Il termine à 10h et doit reprendre à 10h15 dans une autre école, comment va-t-il faire ? ».

L’autre raison réside dans le fait que la mesure instaurant l’enseignement de l’anglais n’a pas été suffisamment préparée, selon M. Amoura.

 

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