Société

Retour d’Algériens d’Ukraine : retrouvailles chaleureuses, récits glaçants

C’est avec beaucoup d’émotion qu’ont été accueillis les étudiants algériens qui ont fui la guerre en Ukraine. A l’aéroport international d’Alger, des cris de joie, des embrassades, mais aussi des larmes.

Suite aux attaques militaires menées par la Russie en Ukraine depuis une semaine, l’Algérie a effectué, jeudi 3 mars, un vol spécial afin de rapatrier 76 de ses ressortissants ayant fui la guerre.

L’avion d’Air Algérie est arrivé dans la soirée de jeudi à l’aéroport d’Alger, où Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, attendait les étudiants algériens pour les accueillir .

Une prise en charge complète

Sur la Télévision nationale, les premières images de leur arrivée ont été diffusées ce vendredi. Les ressortissants algériens venant d’Ukraine ont témoigné de leur gratitude envers leur pays, qui ne les a pas laissés tomber.

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« Je tiens à remercier tout le staff de l’ambassade d’Algérie en Roumanie. Ils nous ont accompagnés à partir du moment où nous y avons mis les pieds. Je remercie aussi le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, qui a entendu nos cris de détresse et a agi rapidement, » témoigne une jeune femme.

« Nous avons été très bien pris en charge. Que ce soit en Roumanie ou à l’aéroport d’Alger. Tout a été mis en place pour que nous soyons bien, » confirme une autre étudiante, qui a été, elle et ses camarades, prise en charge par une équipe médicale et des psychologues dès leur arrivée en Algérie.

Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger appelle tous les Algériens en Ukraine qui sont capables de franchir la frontière de le faire et leur assure que les ambassades des pays avoisinant l’Ukraine vont leur fournir une prise en charge complète.

« Nous avons vu des choses horribles »

Les caméras de la chaîne Dzair News ont immortalisé les retrouvailles des étudiants avec leurs familles à l’aéroport. Leurs parents, aux visages qui transpirent le soulagement, les prennent dans leurs bras dans une longue étreinte, après une semaine d’inquiétude et de stress.

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Le moment d’euphorie passé, place aux témoignages. Et ils sont glaçants. Comme le froid qu’ils ont trouvé en Pologne.

« Pour arriver en Pologne, on a dû marcher dans la neige. A un moment, elle était tellement épaisse qu’on a dû se séparer de la moitié de nos bagages pour avancer, » narre une jeune fille rapatriée.

Elle raconte qu’elle et son groupe ont failli abandonner en cours de route. Fatigués et traumatisés, l’espoir de retrouver leurs familles était leur seule motivation pour continuer leur périple.

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« Arrivés aux frontières, on a pu gagner la Pologne. Heureusement, la priorité était aux femmes et on a pu passer rapidement la frontière, où on a attendu les hommes du groupe, » poursuit-elle.

Lorsque le journaliste lui demande s’ils ont été victimes de racisme, la réponse de la jeune femme est sans appel : les étrangers, notamment les africains, ont eu droit à un traitement différent des Ukrainiens et européens.

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« Les Ukrainiens à la frontière nous menaçaient de nous brûler vifs et nous disaient qu’ils n’allaient pas nous laisser passer la frontière. Ils ont même agressé les hommes qui étaient avec nous, » affirme la jeune algérienne.

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Et de conclure, « On a vu beaucoup de choses affreuses. C’étaient des moments inoubliables. »

Des scènes horribles, ils en ont vues. Entre le moment où le premier bombardement a retenti et celui où ils ont enfin pu regagner l’Algérie, ces étudiants ont eu leur dose d’images traumatisantes.

« Nous étions terrorisés. On faisait la navette entre la maison et le refuge à chaque fois qu’on entendait une nouvelle attaque, » raconte une autre étudiante. « A tout moment, un missile pouvait nous tomber dessus, on a vraiment frôlé la mort, » poursuit-elle, en témoignant de son soulagement que le cauchemar soit enfin terminé.

Submergée par ses émotions qui ont ressurgi suite à l’évocation de ces souvenirs douloureux, elle laisse couler ses larmes. On n’en saura pas plus. Quant aux traumatismes que cette semaine leur a laissés, seul le temps saura les apaiser.

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