Économie

Salon de l’agriculture Paris 2024 : la conserverie algérienne Thala affiche de nouvelles ambitions

Au pavillon Algérie du Salon de l’agriculture Paris 2024 qui a ouvert ses portes samedi 24 février, s’il y a bien une entreprise qui ne passe pas inaperçue, c’est la conserverie Thala.

Une petite entreprise qui, forte de son sens de l’innovation, met sur le marché français ces salades traditionnelles dites « mechouia » présentées en bocaux. Une démarche audacieuse sur un marché actuellement dominé par les marques italiennes.

La société Thala a fait le pari de l’exportation. Ses produits comme la méchouia de poivrons, la chakchouka d’aubergines, la purée d’ail et piments, le Pesto de tomates séchées ou la confiture de clémentines commencent à être connus en France.

Le contexte pour l’exportation est favorable, explique à TSA Farid Loudahi, le fondateur et dirigeant de l’entreprise. Il y a d’abord ces conteneurs qui retournent la plupart du temps à vide vers les ports européens et dont la location ne coûte que 500 euros au départ d’Alger contre 1.200 dans l’autre sens.

Il y a également l’emballage dont les bocaux en verre. Ceux produits par la verrerie Castel en Algérie sont d’une qualité irréprochable et sont largement disponibles. Ils bénéficient des tarifs concurrentiels du gaz naturel nécessaire à leur fabrication, contrairement aux verreries portugaises traditionnellement spécialisées dans ce type d’activité.

À cela s’ajoute le coût de la main d’œuvre en Algérie. Bien que « payée au-dessus du Smic » comme l’indique le patron de Thala, ce coût reste inférieur à celui de la main d’œuvre française.

Enfin, dernier avantage, le prix des produits agricoles en Algérie. Ce qui fait dire au dirigeant de Thala que « l’Algérie possède un avantage concurrentiel certain ».

Aussi, c’est fort de cet avantage que Thala développe sa force de vente en France et s’attaque aux produits d’origine italienne qui dominent largement le marché français de l’épicerie fine. En effet, avec son crédo du « cuit au feu de bois », la conserverie algérienne vise le haut de gamme.

En France, la conserverie algérienne Thala vise le marché haut de gamme

Le marché canadien est également approché par Thala à travers une future participation au salon de Montréal.

Aujourd’hui, Thala revendique 300 revendeurs référencés sur son site internet, ce qui permet aux consommateurs de localiser le point de vente le plus proche de leur domicile.

Dans un premier temps, la conserverie privée algérienne s’est tournée vers la diaspora à travers les boucheries hallal. Aujourd’hui l’idée est de dépasser ces commerces de quartiers et d’aller vers les supermarchés hallal qui sont en forte progression. Quant à la distribution en grande surface dominée par les géants du secteur, « de premiers contacts sont en cours », indique le dirigeant de Thala.

Pour assurer le développement de la marque, le site internet de Thala a fait peau neuve. « J’en suis le concepteur », a confié à TSA ce jeune entrepreneur.

Outre l’espace dédié aux consommateurs, le site internet de Thala consacre un espace pour les professionnels. Signe d’une maitrise des codes du marketing, des avantages sont proposés aux commerçants : 50 % de réduction sur la première commande, livraison gratuite pendant un an, paiement à 60 jours, voire retours gratuits sur la première commande.

Avec l’entrée en service de sa deuxième unité de production, l’entreprise Thala élargit sa gamme avec un suprême d’artichauts et d’ail.

Un produit conçu pour le tartinage ou comme assaisonnement. Malgré cet agrandissement des capacités de production, le mode de préparation des produits Thala reste inchangé.

Poivrons, tomates et aubergines restent grillées au feu de bois sur de grands barbecues contrairement certains concurrents étrangers qui les passent rapidement à la flamme à l’aide d’un tapis roulant puis les cuit au four.

Préparation et conditionnement se font sur des tables en inox dans des bocaux stérilisés une première fois puis une seconde dans des autoclaves. Une activité manuelle qui emploie 15 à 30 personnes à l’année mais jusqu’à 40 à 50 en plein été.

L’entreprise Thala revendique un strict respect de la recette sicilienne du Pesto avec 70% de tomate séchée au prix de 2,9 € le pot alors que la concurrence en épicerie fine affiche 8 € et qu’en grande surface les premiers prix se situent à 2,5 € mais avec à peine 5 à 7% de tomate séchée.

Les produits de base sont tous produits en Algérie et proviennent d’Oued Souf durant les mois d’hiver et de la wilaya de Boumerdès en été.

L’huile d’olive est également un produit commercialisé par Thala. Mais là aussi, l’entreprise vise le haut de gamme avec l’utilisation d’une traditionnelle meule en pierre afin « d’éviter tout échauffement des olives lors de la trituration ». Ce qui permet de faire figurer sur les bouteilles « Pression artisanale de Kabylie ».

Ce jeune entrepreneur déclare travailler sur fonds propre et ne pas bénéficier de financements de la part des organismes d’État. La conserverie a comme emblème le profil de la montagne de Makouda dans la wilaya de Tizi-Ouzou, qui ressemble à un lion.

À l’image de ce qui se fait aujourd’hui en Italie, le patron de Thala rêve de dizaines de petites entreprises dans chaque village d’Algérie.

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