search-form-close
Scandale Pegasus : le Maroc privé de la cyber-arme israélienne

Scandale Pegasus : le Maroc privé de la cyber-arme israélienne

Le scandale Pegasus, du nom du logiciel espion produit par l’entreprise israélienne NSO, n’est pas passé sans conséquences pour le Maroc qui, selon des révélations de la presse israélienne, n’aurait plus accès aux cyber-armes de ce pays.

Le Maroc a toujours entretenu une coopération étroite avec Israël, y compris dans le domaine de la sécurité et du renseignement. Paradoxalement, c’est après les accords de normalisation des relations entre les deux pays conclus en 2020, que cette coopération va moins bien, du moins en ce qui concerne la dotation du royaume en technologies d’espionnage cybernétique.

En cause, la révélation en juillet 2021 de l’utilisation à large échelle du logiciel Pegasus par certains pays, notamment le Maroc, pour cibler des acteurs de la société civile, des opposants, des journalistes et des responsables d’États étrangers. Parmi les personnalités ciblées, le président Français Emmanuel Macron, ce qui a causé une brouille entre les deux pays qui dure toujours.

Dans un article consacré aux répercussions du scandale sur l’industrie israélienne de cyber-espionnage, le quotidien israélien Haaretz rappelle que le ministre de la Défense de l’époque, Benny Gantz, s’est déplacé personnellement en France pour dissiper les inquiétudes des responsables de ce pays après le ciblage du téléphone du chef de l’État.

Le gouvernement israélien a depuis serré la vis concernant les autorisations à vendre ce genre de technologies à certains pays, y compris le Maroc, pourtant nouvel allié d’Israël.

Parmi les répercussions de ces restrictions, la fermeture du concurrent de NSO, l’entreprise Quadream, faute de contrats pour ses logiciels malveillants. Les deux entreprises ciblaient les téléphones Iphone et ceux dotés du système Androïd via certaines applications, comme WatsApp. Leurs logiciels malveillants donnaient un accès total à l’appareil infecté à l’insu de son propriétaire.

Outre le Maroc, l’Arabie saoudite faisait également partie des clients des entreprises israéliennes de cyber-espionnage et les contrats, précise Haaretz,. Même quand l’autorisation du gouvernement n’était pas obtenue, ces entreprises contournaient l’interdiction en utilisant des sociétés basées à Chypre, révèle encore la même source.

Les conséquences du scandale Pegasus pour le Maroc

NSO s’est fait une notoriété en Europe, mais il s’est avéré après le scandale Pegasus que la plus part de ses clients sont des pays qui ne sont pas considérés comme démocratiques, grâce au soutien du gouvernement dans le cadre de la « cyberdiplomatie » prônée alors par le Premier ministre Benyamin Netanyahu.

Ces acquisitions ont facilité les attaques contre certaines catégories vulnérables, comme les défenseurs des droits de l’Homme.

Ces technologies « rendent la menace, déjà sérieuse, encore plus insidieuse et difficile à détecter, permettant aux auteurs d’atteintes aux droits de cibler les voix critiques en toute impunité », déplore Donncha Ó Cearbhaill, membre de l’équipe d’Amnesty International (AI) qui traque ce genre d’atteintes.

AI fait partie du consortium d’organisations et de médias qui ont fait éclater le scandale Pegasus en juillet 2021.

On a beaucoup parlé depuis de Pegasus, mais Quadream est celle qui a concentré ses efforts sur l’Afrique et le monde arabe à cause de son incapacité de rivaliser avec NSO en Europe, souligne Haaretz.

Elle a pu conclure des contrats avec quatre pays avec l’aval d’Israël mais elle n’a pas pu obtenir le feu vert final. L’accord le plus important a été conclu avec le Maroc en août 2021, mais il est tombé à l’eau à cause de la nouvelle orientation des autorités israéliennes.

À l’automne 2021, le gouvernement israélien a décidé de réduire drastiquement les autorisations de vente de technologies de cyber-espionnage et le Maroc n’a pas été épargné malgré ses accords de coopération avec Israël incluant les secteurs de la défense et du renseignement.

De 100 pays, la liste des pays autorisés à accéder aux technologies des entreprises israéliennes de cyber-espionnage a été réduite à 35 États, dont la plupart sont des pays démocratiques d’Europe, révèle le journal israélien.

  • Les derniers articles

close