Politique

Situation des libertés en Algérie : des avocats témoignent

Une conférence contre la situation des libertés en Algérie a été organisée ce mardi 8 juin au siège du MDS à Alger, en présence d’avocats engagés dans la défense des manifestants et militants incarcérés.

L’avocat Abdelghani Badi estime que les espaces de liberté « comme celui que nous a aimablement offert le MDS se rétrécissent de plus en plus ». « Le système s’évertue ces derniers temps à limiter les libertés », a déploré l’avocat qui fait un parallèle entre la période actuelle et celle ayant suivi le déclenchement des marches populaires en 2019.

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« Les rues de la capitale étaient devenues des espaces de discussions et d’échanges. Les marches de la Grande-Poste accueillaient des débats entre citoyens, chacun donnant sa vision et son avis politiques. Aujourd’hui, le régime ne tolère plus le moindre espace d’expression libre », regrette Me Badi.

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« Tout le monde a peur et tout le monde se pose des questions »

L’avocate Me Nabila Smail, très impliquée dans la défense des détenus du Hirak, appelle à ne surtout pas baisser les bras. « Tout le monde a peur et tout le monde se pose des questions. Ce que nous devons retenir c’est qu’on ne doit pas avoir peur pour avoir exercé un droit », souligne l’avocate.

« Ceux qui doivent avoir peur, ce sont les gens qui sont en train de réprimer l’être humain et la liberté d’expression. Et la liberté de se réunir et de discuter, la liberté de critiquer et de dire que cette situation n’est pas normale », ajoute-t-elle. « On assiste à l’utilisation de toutes les institutions de l’Etat pour protéger un régime et pas un peuple », critique-t-elle.

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), 210 détenus d’opinion croupissent dans les prisons algériennes, certains ont été condamnés, d’autres attendent leur procès. Au 8 juin, « 216 détenus d’opinion sont emprisonnés en Algérie », a indiqué le journaliste Zaki Hannache. « Nous vivons la période la plus massive en matière d’interpellations par rapport aux premiers mois du mouvement », s’est-il alarmé.

Selon le CNLD et la LADDH, des milliers de personnes avaient été interpellées durant les derniers vendredis et ce depuis que le gouvernement a décidé d’interdire les manifestations du Hirak.

De son côté, le journaliste Khaled Drareni a indiqué que « plus de 15 confrères font l’objet de poursuites judiciaires, certains sont sous contrôle judiciaire et d’autres ont vu leurs jugements reportés ».

Il a évoqué le cas du journaliste Rabah Kareche qui est à son 51e jour en prison à Tamanrasset. « M. Karèche est en prison à cause d’un article de presse alors que la Constitution algérienne interdit l’emprisonnement de journalistes pour leurs écrits journalistiques », a expliqué Drareni.

« En tant que journalistes, nous ne faisons pas que couvrir le Hirak, nous exerçons avant notre travail tout simplement (…) nous ne sommes pas des militants politiques. Nous militons pour la liberté de la presse en Algérie. Nous militons pour le respect des droits des journalistes », s’est défendu Khaled Drareni.

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