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Situation politique : une autre initiative, pourquoi faire ?

Situation politique : une autre initiative, pourquoi faire ?

On en sait un petit peu plus désormais sur l’initiative politique que le président de la République Abdelmadjid Tebboune compte lancer, même si aucune annonce officielle n’a encore été faite.

Lundi 9 mai, le chef de l’État a reçu deux dirigeants de partis politiques, Abdelkader Bengrina du mouvement El Bina et Soufiane Djilali de Jil Jadid. C’est au moins un signe supplémentaire que quelque chose se prépare.

Le 4 mai, un commentaire de l’agence de presse officielle APS a souligné les qualités de « rassembleur » du président Abdelmadjid Tebboune, ponctué d’un rappel à ceux qui sont « restés sur le rivage » que « la nouvelle Algérie » leur « tend les bras pour ouvrir une nouvelle page », sauf à ceux qui ont « franchi les lignes rouges » et qui ont « largué les amarres avec leur patrie ».

C’est à peu près dans les mêmes termes que le président du conseil de la nation, Salah Goudjil, s’est exprimé samedi 7 mai dans un entretien inhabituel à la télévision publique, confirmant que la dépêche de l’APS  est bien plus qu’un commentaire élogieux de routine.

Les spéculations sont depuis allées bon train. Beaucoup y ont vu une forme d’offre de la « réconciliation » à l’adresse des opposants en exil. Depuis le début du Hirak populaire en 2019, de nombreux Algériens, militants politiques ou activistes sur les réseaux sociaux, se sont installés à l’étranger d’où ils mènent une opposition frontale au pouvoir en prenant part à des manifestations de rue ou en intervenant dans les médias et sur les réseaux sociaux.

D’autres se sont interrogés si l’initiative n’est pas aussi destinée à apaiser le front interne, toujours tendu. Malgré l’arrêt des marches du Hirak il y a une année, la contestation a pris d’autres formes, et les arrestations d’activistes ont toujours lieu.

Sur certains d’entre eux pèsent de lourdes accusations en vertu du très controversé article 87-bis du code pénal, adopté entre-temps.

L’opposition sera-t-elle impliquée ?

Simultanément, une partie de l’opposition politique est restée figée dans une posture radicale, rejetant toutes les initiatives du pouvoir, y compris tous les scrutins organisés depuis fin 2019. Les partis qui se retrouvent dans ce camp mettent l’apaisement du climat politique comme préalable indiscutable à toute participation au processus politique.

Les autorités se targuent d’avoir renouvelé l’édifice institutionnel, mais la forte abstention qui a marqué toutes les consultations, y compris le référendum sur la révision constitutionnelle en novembre 2020, entache indéniablement le processus.

Les arrestations et condamnations sont aussi le signe que le malaise est toujours là et l’Algérie ne peut s’en accommoder plus longuement dans un contexte mondial et régional bouillonnant.

Renforcer et immuniser le front interne pourrait être l’objectif du pouvoir à travers l’initiative qu’on lui prête l’intention de lancer. C’est légitime et même vital dans cette conjoncture de léthargie économique et de menaces externes multiformes.

Reste à savoir comment le chef de l’Etat compte s’y prendre, s’il se contentera de la prise en charge des retombées de la contestation en libérant les détenus et en laissant rentrer les exilés ou s’il étendra l’initiative à la satisfaction d’au moins une partie des revendications politiques soulevées.

L’autre grosse interrogation concerne les parties à impliquer dans l’initiative et si l’opposition répondra cette fois-ci favorablement à une éventuelle invitation. Le succès de l’initiative en dépend fortement.

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