En Algérie, les polémiques sur la statue de la femme nue d’Ain el Fouara à Sétif n’en finissent pas. Après plusieurs tentatives de la vandaliser par des déséquilibrés mentaux ou des extrémistes, c’est un député islamiste qui réclame son effacement de la célèbre statue.

Jeudi à l’APN, Zeghouane Houdhaifa, député MSP de la wilaya de Sétif, a plaidé la cause des détracteurs de cette statue qui date de l’époque coloniale, l’un des plus importants lieux touristiques de cette grande ville des hauts-plateaux de l’est algérien.

Dans l’hémicycle, il a développé un argumentaire pour justifier sa demande. « L’opinion publique locale demande le déplacement de cette statue dans un musée pour sauvegarder sa symbolique et les valeurs morales de la société conservatrice algérienne qui considère le corps d’une femme nue comme une « atteinte à la pudeur ». Il a appuyé sa demande par le fait que cette statue est « située en face de l’une des plus célèbres mosquées de Sétif ».

Statue de la femme nue d’Ain el Fouara : la réponse de la ministre de la Culture

« Pourquoi ne pas déplacer cette statue au musée et la remplacer par un monument qui a une symbolique historique », a-t-il demandé à la ministre de la Culture, Soraya Mouloudji.

En réponse, Mme Mouloudji a indiqué que cette statue n’interdit pas la construction d’autres monuments dans les places publiques. Elle a rappelé au député du MSP que la statue de la femme nue d’Ain el Fouara a été classée en Algérie comme bien culturel protégé selon un arrêté datant du 3 novembre 1999, ce qui ne facilite pas son déplacement de son lieu geographique.

Pour contredire le député islamiste sur l’avis des Sétifiens sur cette statue, la ministre a rappelé que lors de la dernière tentative de vandaliser la femme nue d’Ain el Fouara, des députés, la société civile, les autorités locales ont demandé d’accélérer les travaux de réparation de ce monument et de le remettre à sa place. « Cela montre que les habitants tiennent à cette statue », a-t-elle dit.

La ministre de la Culture a ajouté que depuis janvier 2023, la statue bénéficie d’une surveillance particulière de la part de l’Office national de la gestion et de l’exploitation des biens culturels. Elle a demandé au député de participer à la défense du patrimoine culturel de l’Algérie dans toute sa diversité.

Cette statue a été construite en 1898 par le sculpteur Francis de Saint-Vidal. Le député a répondu que la meilleure façon de protéger cette statue est de la déplacer dans un musée, et insisté sur l’opinion publique qui est hostile, selon lui, à la femme nue d’Ain el Fouara. En réponse, la ministre a promis d’étudier la « question avec la société civile et les autorités pour trouver une solution ».