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Utiliser l’arme du pétrole contre Israël : la réponse de l’Arabie Saoudite

Utiliser l’arme du pétrole contre Israël : la réponse de l’Arabie Saoudite

Il est bien loin le temps où le pétrole des pays arabes servait aussi d’arme stratégique. Devant l’agression actuelle d’Israël contre la bande de Gaza, l’idée d’utiliser le pétrole pour mettre la pression sur les soutiens occidentaux d’Israël n’est même pas évoquée.

Paradoxalement, c’est en pleine guerre en Palestine que les cours de l’or noir ont entamé une baisse significative après plusieurs mois consécutifs de forte hausse. Le pétrole est passé en dessous de la barre des 80 dollars le baril pour la première fois depuis juillet dernier.

Le pétrole est un levier de pression pacifique, mais qui peut être redoutablement efficace, comme le monde a pu le constater lors de la guerre israélo-arabe de 1973, dite aussi guerre du Kippour. C’était le premier choc pétrolier de l’histoire.

Le contexte mondial n’est évidemment pas le même, mais la question de savoir si son pays va utiliser sa position de grand producteur de pétrole pour au moins imposer un cessez-le-feu à Gaza, a été toutefois posée au ministre saoudien de l’investissement.

Quelque peu surpris par la question de l’agence Bloomberg, Khaled Al Faleh a d’abord laissé s’échapper un éclat de rire, avant de répondre, très sérieux : « La décision ne me revient pas, mais je peux vous dire que cela n’est pas sur la table. L’Arabie Saoudite veut asseoir la paix à travers des pourparlers. »

La réponse du responsable saoudien n’est pas une surprise pour les observateurs. Avant le 7 octobre, le royaume était sur le point de conclure un accord de normalisation des relations avec Israël.

« Chaque jour qui passe nous rapproche d’un accord » avec Israël, a révélé le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS) en septembre dernier. Mais l’opération déclenchée par le Hamas, suivie de l’agression israélienne contre Gaza, a amené l’Arabie Saoudite à geler le processus de normalisation. Quatre pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, les Émirats arabes unis, le Maroc, le Soudan et le Bahreïn.

L’arme du pétrole arabe ne sera pas utilisée contre les soutiens d’Israël

L’Arabie Saoudite et les Émirats sont de grands producteurs de pétrole, avec respectivement environ 10 et 4 millions de barils par jours. Toute décision d’utilisation de l’arme du pétrole par une baisse significative de la production passe par ces deux pays. Elle n’a donc quasiment aucune chance d’être prise en l’état actuel de la géostratégie régionale.

Cinq pays de la région peuvent pourtant influer sur le marché mondial de pétrole grâce à leur énorme potentiel de production et leurs réserves. Il s’agit de l’Arabie Saoudite (10 millions de barils/jour), l’Irak et les Émirats (4 millions chacun), l’Iran (3,5 millions) et le Koweït (3 millions b/j). La production cumulée des pays arabes et de l’Iran est proche de 35 millions de barils/jour, soit près de 35% de la consommation mondiale quotidienne.

Les pays arabes ont un atout supplémentaire avec la présence dans le groupe OPEP+ de la Russie, un autre très gros producteur, et qui pourrait soutenir une telle démarche pour faire pression sur les Occidentaux pour les besoins de sa guerre en Ukraine.

En 1973, c’est à l’initiative de l’Arabie Saoudite, dirigée alors par le roi Fayçal, qui sera assassiné deux années plus tard, que la décision d’utiliser l’arme du pétrole a été prise.

C’était une réaction au soutien militaire américain à Israël, dont l’armée a été malmenée par les armées égyptienne et syrienne dans les premiers jours de la guerre. Un pont aérien mis en place par les États-Unis pour acheminer du matériel militaire aux Israéliens a permis à ces derniers d’inverser la tendance.

Les pays arabes ne s’étaient pas contentés de réduire drastiquement leur production et de revoir les prix à la hausse. L’Arabie Saoudite a même décrété un embargo sur le pétrole pour les États-Unis qui a duré cinq mois.

L’effet de la décision collégiale arabe fut instantané. Les prix du pétrole ont quadruplé en quelques mois, passant de 2,60 dollars le baril avant le début de la guerre à près de 12 dollars en janvier 1974.

Les retombées étaient très douloureuses sur les économies occidentales, avec ce que les économistes appellent une « stagflation », c’est-à-dire une récession économique doublée d’une forte inflation, qui a fait monter en flèche le taux de chômage en Europe et en Amérique.

C’est à cette période que le concept d’heure d’été et d’hiver a été inventé pour faire des économies d’énergie. À l’époque, le pétrole représentait 46% du mix énergétique mondial.

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