Économie

60 ans de l’OAIC : assurer le pain quotidien des Algériens

Au siège de la direction, le personnel de la CCLS de Khenchela, a été convié à une sympathique réunion pour fêter le 60e anniversaire de la création de l’Office algérien des céréales (OAIC).

A cette occasion, des prix d’honneur ont été remis aux collaborateurs de cette structure dont le travail contribue à l’indépendance alimentaire du pays.

L’OAIC issu de la section algérienne de l’ONIC

L’Office algérien interprofessionnel des céréales  a été créé le 12 juillet 1962 à partir de la section algérienne de l’Office national interprofessionnel des céréales (SA-ONIC).

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L’office a pris en charge l’ensemble des installations des organismes de collecte, dont de nombreux docks avec leurs silos à grains tels ceux de Sétif, Tissemsilt, Relizane ou Hammam Bou Hadjar.

Au niveau des docks et coopératives céréalières de l’époque coloniale, ont été installées des Coopératives de céréales et de légumes secs (CCLS). Le nom de coopérative a donc été donné aux installations de l’OAIC sans que ces CCLS n’inscrivent dans leur statut les 7 principes universels de base du mouvement coopératif international : adhésion volontaire, pouvoir démocratique exercé par les membres, participation économique des membres, autonomie et indépendance, éducation formation-information, coopération entre les coopératives, engagement envers la communauté.

Actuellement, les céréaliers ne détiennent pas de parts sociales des CCLS dont les directeurs sont nommés par la tutelle à partir d’Alger.

OAIC, assurer le pain quotidien des Algériens

Pour le consommateur algérien, l’Office algérien des céréales a la lourde tâche de « veiller à la disponibilité suffisante et à tout moment des céréales et dérivés en tout point du territoire national. »

Ce qui permet d’assurer à chacun un prix identique du blé à Alger comme à Tamanrasset grâce à une péréquation des frais de transport. Pour cela le monopole public est le seul organisme à « organiser la collecte de la production nationale des céréales. »

Les agriculteurs ne sont pas oubliés puisque l’office algérien des céréales achète la totalité des récoltes de blé amenées aux silos des CCLS à travers des prix garantis et rémunérateurs.

L’OAIC compte 500 ingénieurs en son sein et est chargé de  « gérer et mettre en œuvre pour le compte de l’État l’ensemble des actions d’appui à la production de céréales. »

OAIC, turn over des directeurs généraux

Ces dernières années, l’OAIC a connu un fort turn over des directeurs généraux. Le 10 juillet 2019, le directeur général de l’office, Mohamed Belabdi, a été démis de ses fonctions suite à un conseil des ministres. La réunion s’était également soldée par la décision de fermer 45 minoteries pour « violation de la réglementation en vigueur.»

Installé à la tête de l’OAIC en septembre 2019, Abderrahmane Bouchahda a également été démis de ses fonctions après la réception de 30 000 tonnes de blé tendre avariées importées de Lituanie. Actuellement, c’est le secrétaire général de l’office, Nasreddine Messaoudi qui est chargé des fonctions du directeur général.

OAIC, importateur exclusif de céréales

Après 1962, l’OAIC a été le seul importateur de céréales en Algérie. Puis en 1997, le marché a été ouvert à d’autres opérateurs. A l’issue d’une réunion d’un conseil des ministres en août 2021,  l’importation de blé en Algérie a été confiée à nouveau, à titre exclusif, à l’OAIC suite à « l’enregistrement de dépassements en la matière. »

Lors d’une rencontre avec la presse, le président Abdelmadjid Tebboune avait réaffirmé que  « les importations de blé sont l’apanage de l’OAIC », l’objectif étant « d’éviter toutes sortes de magouilles qui ont trouvé en cette pratique un terrain fertile. »

En 2010, suite à une bonne récolte, le ministre du Commerce a appelé les opérateurs privés à stopper leurs importations de blé dur. Les importateurs privés préféraient s’approvisionner sur le marché mondial du fait d’une baisse des prix.

L’OAIC avait dû les menacer du risque  de ne plus être servis en cas de flambée des cours. Dans la loi de finances complémentaire 2010, une taxe sur les importations privées de blé dur, avait dû être instaurée afin de sauvegarder la production domestique. Un vent de panique avait soufflé sur la filière française. L’Algérie représentant à l’époque 90 % des exportations françaises de blé dur.

Renommer les CCLS en ACLS ?

L’OAIC est l’unique organisme collecteur, ce qui n’empêche pas le développement de circuits informels, notamment pour l’orge qui est très recherchée en élevage.

A 60 ans, l’heure des bilans a sonné. Dans un rapport sur les coopératives agricoles, l’agroéconomiste Omar Bessaoud note que les CCLS « ont un rôle décisif au sein du réseau OAIC pour réguler le marché et la filière stratégique des céréales. »

A ce titre, ce réseau constitue « un acteur incontournable pour l’indépendance alimentaire du pays. » Mais l’économiste note que « celles-ci ne disposent pas de l’indépendance qui caractérise les coopératives » aussi suggère-t-il de remplacer le terme de « Coopérative par Agence des céréales et légumes secs ACLS. »

Loin d’être symbolique, cette proposition vise à séparer l’action de l’Etat et les initiatives paysannes, second pilier de l’indépendance alimentaire.

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