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Algérie-UE : que faut-il faire de l’accord d’association ?

Algérie-UE : que faut-il faire de l’accord d’association ?

L’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne fait de nouveau parler de lui, dans une conjoncture de tensions tant politiques qu’économiques entre les deux parties.

Hasard du calendrier ou pas, la 12e session du conseil d’association, tenue lundi par visioconférence, intervenait quelques jours après la tempête soulevée par la résolution du Parlement européen condamnant la dégradation de la situation des droits de l’Homme en Algérie.

La conjoncture économique n’est pas moins particulière et les deux parties divergent sur plus d’un point. L’accord, signé en grande pompe en 2002 et entré en vigueur en 2005 avec le même tapage, ressemble de plus en plus à un ménage difficile ou aucune des parties n’est satisfaite, mais qui dure encore. Les griefs ne manquent pas de part et d’autre.

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Sur le plan politique, même si ce n’est pas là le volet le plus important de l’accord pour les Européens, ces derniers ne semblent pas entièrement satisfaits de ce que fait l’Algérie en matière de respect des droits de l’Homme et des libertés.

La partie algérienne, elle, n’apprécie que peu ce qu’elle considère comme une velléité d’ingérence. Sincérité feinte ou réelle, le représentant de l’UE pour les Affaires étrangères a d’une manière très diplomatique signifié au chef de la diplomatie algérienne que la dernière résolution de Strasbourg ne reflète pas que le point de vue des parlementaires. L’Algérie, en tant qu’Etat, a pris un engagement et elle se doit de l’honorer.

La question des visas et des migrants donne aussi lieu à des frictions épisodiques avec notamment les grands pays de la rive sud de l’Europe, principales destinations des clandestins algériens que leur pays d’origine n’est pas toujours disposé à reprendre sans conditions.

Mais c’est sur les questions économiques que les deux parties divergent le plus. Son bilan fait, l’Algérie constate qu’elle a plus perdu qu’elle n’a gagné dans l’accord. La balance des échanges hors hydrocarbures est nettement en faveur de l’Europe avec, en sus, une perte sèche en taxes douanières à cause du démantèlement tarifaire. On parle de 16 milliards de dollars depuis la mise en œuvre de l’accord et la perte devrait s’accentuer avec l’entrée en vigueur du libre-échange, prévu en 2017 puis reporté à septembre 2020.

Un marché de dupes ?

Seulement 15 milliards de dollars (hors hydrocarbures) exportés vers l’Europe jusqu’à 2018 contre 320 milliards d’importations de la même zone et pendant la même période, avec en sus bientôt zéro taxe, ça ressemble en effet à un marché de dupes et c’est pourquoi des voix internes appellent à la révision de l’accord.

Les Européens, eux, ne remettent pas en cause la teneur de l’accord mais se plaignent du fait que ses clauses ne soient pas entièrement traduites sur le terrain. Ils sont intransigeants et jugent « important » que les échanges commerciaux se « fassent dans le respect de l’Accord d’association, cadre qui offre la prévisibilité et la stabilité nécessaire ».

Le passage fait allusion aux mesures prises unilatéralement par l’Algérie en matière de restriction des importations pour préserver sa bourse dans une conjoncture de recul drastique des revenus pétroliers. Les Européens ne voient pas d’un bon œil le dispositif additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) prévoyant des taxes allant jusqu’à 200% sur certains produits.

Autre regret des Européens : leurs ventes à l’Algérie sont certes passées de 9 milliards d’euros en 2003 à 21 milliards en 2018, mais le chiffre est trompeur du fait que la hausse est survenue dans un contexte d’explosion des importations totales de l’Algérie grâce à l’opulence financière et c’est précisément dans cette période que la Chine est devenue premier fournisseur de l’Algérie, au détriment d’un pays membre de l’UE, la France en l’occurrence.

Sur la question des investissements, les deux parties peuvent mutuellement se rejeter la balle : les opérateurs européens ne se bousculent pas pour créer de la richesse en Algérie et celle-ci n’a pas fait grand-chose pour améliorer son climat des affaires. Au contraire, elle n’a pas cessé d’apporter des modifications à sa réglementation, provoquant ce que redoutent le plus les investisseurs : l’instabilité juridique.

Autant de griefs pour si peu de satisfactions de part et d’autre, beaucoup se demandent s’il est opportun de continuer avec l’accord tel qu’il a été négocié et signé en 2002, sous le règne du président déchu Abdelaziz Bouteflika.

Pour l’Algérie en tout cas, il relève du non-sens de devoir honorer des engagements désavantageux pris par une direction qui ne comptait pas ses sous et qui avait pour unique souci de retrouver une « fréquentabilité » internationale.

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