Économie

Alliance Assurances réclame des mesures pour sauver les assureurs algériens

Alliance Assurances a dévoilé ce lundi 2 octobre ses résultats financiers au premier semestre 2023. La compagnie privée a enregistré une légère hausse du chiffre d’affaires qui atteint 2,979 milliards de dinars au 30 juin dernier contre 2,874 milliards de dinars à la même période de 2022, soit une hausse de l’ordre de 3,7 %.

Pour le résultat, il a baissé de 37,2 % à 97 ,8 millions de dinars contre 155,9 millions de dinars au 30 juin 2022.

« Cette tendance baissière du résultat est due à plusieurs facteurs dont la hausse vertigineuse des coûts des sinistres notamment celui de la branche automobile ainsi que celui des indemnisations qui va crescendo », explique Alliance Assurances.

A ces deux facteurs s’ajoute le « blocage inexpliqué du dossier de la révision des tarifs réglementaires de la responsabilité civile », indique AllianceAassurance qui regrette qu’ « aucune possibilité de rééquilibrage financier n’est à l’ordre du jour. »

La compagnie privée fondée par Hassen Khelifati rappelle qu’elle n’a « cessé d’alerter » les autorités de tutelle sur la « grave situation » qu’endure le secteur des assurances en Algérie et les « graves conséquences qui découlent du non-traitement des doléances présentées et des problèmes structurels persistants. »

Parmi ces problèmes, Alliance Assurances cite les « tarifs liés à la branche automobile et ceux de manière plus générale, la refonte des textes juridiques, les créances, la concurrence déloyale, le fonctionnement interne du secteur et inter-acteurs ; la persistance de la discrimination entre le secteur public et privé quant à l’accès à certains marchés. »

Alliance Assurances déplore que l’industrie des assurances en Algérie soit « malheureusement caractérisée par la diminution continuelle de la prime moyenne en raison des tarifs, de la concurrence déloyale, de la régulation ainsi que de l’augmentation continuelle des charges sinistres en raison du taux des accidents de la route ainsi que du prix des prestations et de la pièce de rechange. »

Le seul assureur algérien coté à la Bourse d’Alger remarque que les prix des prestations (réparations) et de la pièce de rechange ont « connu une démultiplication ces dernières années suite à l’inflation et au renchérissement à l’international. »

La compagnie privée met en garde contre la « non-résolution concrète des problèmes qui entravent les activités de l’industrie des assurances » qui risque de « mettre tout le secteur dans une situation intenable et de risque systémique ainsi que menacer sa résilience et sa capacité à se redresser. »

Elle ajoute que le retard dans la mise en place des réformes structurelles et opérationnelles qui « s’imposent de toute urgence ne permettra pas l’amélioration des ratios et le classement de notre marché dans la région et à l’international. »

Alliance Assurances aborde aussi la question de la numérisation du secteur qui constitue un « nouveau défi qui pourra accélérer la modernisation de notre marché. »

La numérisation figure en 23e position des « 54 engagements du président de la République » et elle porte clairement sur la nécessité impérieuse de moderniser et numériser le secteur des assurances, rappelle Alliance Assurances.

« La digitalisation de notre secteur est un impératif vital mais ne pourra créer de réels changements si on ne s’attaque pas aux dossiers urgents lesquels sont : les tarifs RC automobiles, les créances, la concurrence déloyale, la modernisation du secteur et le soumettre aux normes internationales et régionales », met en garde Alliance Assurances.

Alliances Assurances appelle à des réformes urgentes

Pour l’assureur privé, le maintien du statu quo est une « menace sérieuse pour le devenir du marché » et il est plus qu’ « urgent » que l’Union des compagnies d’assurances et de réassurance (UAR) ainsi que les structures centrales de la tutelle « réagissent à la gravité de la situation en mettant en place une feuille de route globale et un plan d’action pour un redressement salutaire et opérationnel. »

Pour l’assureur privé, la numérisation du secteur des assurances en Algérie peut être « considérée comme un mal pour un bien à condition qu’elle soit accompagnée de certaines décisions structurelles et opérationnelles urgentes. »

Alliance Assurances cite la « révision des différents tarifs notamment les tarifs RC Automobile, la mise en place des tarifs planchers, l’exercice de la régulation sur certaines pratiques qui tirent notre secteur vers le bas, mettre un terme aux dérives constatées dans la gestion et l’octroi de créances et revenir aux normes universelles de fonctionnement du secteur des assurances. »

« En l’absence de décisions sur le terrain », l’industrie des assurances en Algérie « ne pourra ni se relever ni relever le défi d’améliorer son chiffre d’affaires ou son taux de pénétration ni améliorer notre classement à l’international », prévient Alliance Assurances.

La compagnie estime qu’avec la révision à la hausse du PIB de l’Algérie à plus de 233 milliards de dollars en 2022, le taux de pénétration des assurances sur le marché algérien va « mécaniquement aller vers le bas ce qui entraînera une dégradation mécanique du classement de notre marché à l’échelle arabe, africaine et internationale d’où l’impérieuse nécessité de prendre des mesures urgentes et pratiques et procéder au traitement, sans délais, des dossiers en suspens depuis plusieurs années. »

Le recul du classement marché algérien des assurances à l’international et sa « sous-performance chronique » entraînera « fatalement » une nouvelle notation « moins performante auprès des agences de notation internationales avec des conséquences désastreuses sur la place financière internationale », ajoute Alliance assurances.

Alliance Assurances appelle à une « réaction urgente » et « salutaire en vue de sortir du statu quo et ce sur le très court et moyen terme. »

Pour faire face à la baisse de son résultat durant le 1er semestre 2023, Alliance Assurances affirme poursuivre ses « efforts et met tout en œuvre pour élargir sa gamme de produits, diversifier son portefeuille clients, maîtriser ses coûts, digitaliser au maximum ses process et l’interaction avec ses assurés, se mettre au diapason des nouvelles tendances digitales en adoptant la digitalisation et l’innovation comme leviers de croissance et de différenciation, améliorer l’expérience client, nouer de nouveaux partenariats, promouvoir les relations avec son environnement et renforcer la confiance assureur/assuré ».

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