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Crise avec l’Algérie : ce que compte faire l’Espagne

Crise avec l’Algérie : ce que compte faire l’Espagne

C’est désormais l’escalade dans la crise entre l’Algérie et l’Espagne, déclenchée en mars dernier par le revirement spectaculaire de la position de Madrid sur la question du Sahara occidental.

Mercredi 8 juin, l’Algérie a annoncé la suspension du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé avec l’Espagne en 2002.

La présidence de la République algérienne a clairement lié sa décision à la position espagnole sur le dossier sahraoui. « Les autorités espagnoles se sont engagées dans une campagne tendant à justifier la position qu’elles ont adoptée sur le Sahara Occidental en violation de leurs obligations juridique, morale et politique de puissance administrante du territoire qui pèsent sur le Royaume d’Espagne jusqu’à ce que la décolonisation du Sahara occidental soit déclarée accomplie par les Nations unies », a-t-elle expliqué dans le communiqué annonçant la suspension du Traité d’amitié.

Le même jour, l’Association des banques et établissements financiers (Abef) a saisi les banques algériennes pour les informer du gel des domiciliations bancaires des importations et des exportations de et vers l’Espagne à partir de ce jeudi 9 juin.

L’Espagne n’a pas tardé pour réagir. Son ministre des Affaires étrangères José Manuel Ambarès a déclaré ce jeudi que l’Espagne prépare une « réponse adéquate, sereine et constructive, mais ferme, pour la défense des intérêts espagnols et des entreprises espagnoles » suite à la décision algérienne.

Les implications et la portée pratique du gel des échanges avec l’Espagne au niveau national et européen sont en cours d’analyse, a indiqué le chef de la diplomatie espagnole.

José Albares a toutefois fait savoir que la volonté du gouvernement de son pays est de maintenir les meilleures relations avec l’Algérie, comme avec les autres pays voisins, sur la base des principes de l’accord d’amitié (que l’Algérie a décidé de suspendre) et qui sont le respect de la souveraineté, la non-ingérence dans les affaires intérieures et coopération dans l’intérêt mutuel des deux peuples, selon le journal espagnol El Pais.

Madrid songerait à saisir l’UE

Le ministre des Affaires étrangères espagnol n’a rien dit à propos d’éventuels contacts avec les autorités algériennes, invoquant la nécessité de garder la discrétion.

El Pais croit savoir néanmoins que le gouvernement espagnol estime que les représailles commerciales d’Alger violent les accords de l’Algérie avec l’Union européenne.

Le journal, citant des sources gouvernementales, rapporte dans son édition de ce jeudi que le gouvernement espagnol étudierait la dénonciation de l’Algérie devant l’Union européenne.

« Le ministère des Affaires étrangères estime que le gel unilatéral des échanges avec l’Espagne pourrait violer l’accord euro-méditerranéen de 2005, qui a établi un régime d’association préférentielle entre l’ancienne Communauté économique européenne et l’Algérie », écrit El Pais.

Citant les données du secrétaire d’État au commerce, le journal rappelle que l’Espagne a exporté vers l’Algérie pour 1,24  milliard d’euros entre janvier et août 2021, (contre 1, 91 milliard en 2020), alors qu’elle a importé du même pays pour 2,55 milliards d’euros (contre 2,51 milliards en 2020), principalement des hydrocarbures.

L’Espagne, ajoute El Pais, est le troisième client de l’Algérie (après l’Italie et la France) et son cinquième fournisseur (derrière la Chine, la France, l’Italie et l’Allemagne).

José Albares a assuré que, selon les informations des fournisseurs d’énergie, la décision algérienne ne doit pas affecter le flux de gaz algérien vers l’Espagne, « qui reste normal ».

Plus tôt dans la matinée, la ministre espagnole de l’Énergie, Teresa Ribera, avait exprimé le même avis« Nous ne penserons pas que (les contrats) puissent être rompus de manière unilatérale par une décision du gouvernement algérien », a-t-elle déclaré dans une interview à une radio espagnole, reconnaissant toutefois que cette crise intervient à un moment délicat, alors que les contrats d’approvisionnement font actuellement l’objet d’un processus de révision des prix.

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