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Éducation : polémique autour de la place de tamazight à l’école

Éducation : polémique autour de la place de tamazight à l’école

La place de tamazight au sein de l’école algérienne est à nouveau au centre de la polémique à trois semaines de la rentrée scolaire, dont les rumeurs de report une seconde fois sont démenties par les syndicats de l’éducation nationale.

Des rumeurs propagées sur les réseaux sociaux font état d’un nouveau report de la rentrée. « La rentrée aura lieu le 1er septembre pour l’encadrement éducatif, le 7 pour les enseignants et le 21 (septembre) pour les élèves », a affirmé ce dimanche à TSA, Meziane Meriane, coordinateur du Snapest. Idem du côté du Satef dont le SG, Boualem Amoura, confirme que les dates annoncées le 18 août passé restent pour l’heure inchangées.

Tamazight retiré de l’emploi du temps officiel

S’il n’y a pas de doute sur la date de la rentrée scolaire, une polémique s’est installée sur la place de tamazight dans les programmes d’enseignements.

| Lire aussi : Tamazight et la Kabylie : le grave dérapage de Bengrina – Vidéo

Réuni samedi 28 août à Béjaia, un collectif d’inspecteurs de la langue amazighe a discuté de « l’exclusion de l’enseignement de tamazight de l’emploi du temps alternatif de l’élève pour l’année scolaire 2021-2022 ».

Dans un communiqué publié à l’issue de cette réunion, ce collectif a dénoncé la « correspondance du secrétariat général du ministère de l’Éducation nationale émise sous le numéro 194, du 14 août 2021» annonçant cette décision.

Ils ont décidé d’adresser un courrier au ministre du secteur « pour attirer son attention sur les arrières pensées et les conséquences d’une telle décision, pour le moins inattendue », selon le communiqué.

Les inspecteurs de la langue amazighe comptent rappeler au ministre de l’éducation nationale « les devoirs de l’État envers l’enseignement de la langue amazighe ».

« Nous avons émis des propositions pour une meilleure prise en charge de cet enseignement, répondant effectivement aux ambitions des algériennes et algériens », a ajouté le collectif.

Cette annonce a également suscité les réactions de syndicats du secteur qui interpelle le ministre Abdelhakim Belabed afin de répondre aux questionnements et dissiper les ambiguïtés autour de cette question.

De quoi s’agit-il réellement ? « Tamazight a été comme expurgé de l’emploi du temps officiel contrairement aux langues française, anglaise et arabe. Le ministère a mis tamazight en dehors de l’emploi du temps des élèves. Si une classe a cours durant la matinée, Tamazight est placé dans l’après-midi et vice versa », a expliqué à TSA, Boualem Amoura du Satef.

« C’est la solution la plus facile qu’a trouvée le ministère de l’éducation nationale qui se trouve dépassé par le réaménagement du volume horaire » imposé par la pandémie du covid et par ailleurs contesté par la famille éducative.

« On n’a pas besoin d’autres provocations mais d’apaisement »

« Cette solution de facilité c’est de supprimer le tamazight, quoique indirectement puisqu’il est classée au même titre que le dessin et les autres matières facultatives. Comme si cette langue n’avait pas de valeur », critique le syndicaliste qui craint que cette décision ne soit une remise en cause de toutes les luttes pour l’enseignement de Tamazight à l’école, et ce depuis la grève du cartable en 1995.

« Il faut savoir que tamazight n’est pas enseigné sur tout le territoire national. Pour les régions où tamazight est largement enseigné, notamment la Kabylie, c’est vécu comme une provocation », dénonce M. Amoura qui appelle à privilégier l’apaisement dans un contexte de tensions sociales.

 « Je voudrais bien que le ministère revienne sur sa décision. On n’a pas besoin d’autres provocations mais d’apaisement. Le peuple algérien a besoin de paix », insiste Boualem Amoura.

Le coordinateur du Snapest, Meziane Meriane, ne donne pas d’avis tranché car n’étant pas au courant des détails de cette mesure. Mais il réclame des explications de la part de la tutelle.

« Tamazight ne peut pas être supprimé (du programme officiel d’enseignement) dès lors qu’il est langue nationale et officielle ainsi qu’une constante intangible de la Constitution. Maintenant, s’agit-il d’un réaménagement du programme scolaire, sincèrement je voudrais avoir plus de détails de la part de la tutelle », explique M. Meriane dans une déclaration à TSA.

« On voudrait savoir pourquoi tamazight n’est pas incorporé dans le programme comme l’année passée, qu’il est décalé pour l’après-midi. Sincèrement, je ne comprends pas. Mais une chose est certaine, si c’est pour marginaliser tamazight, il faut s’attendre à ce qu’il y ait des réactions », prévient-il tout en se demandant « pourquoi tamazight et pas les autres matières ? ».

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