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« Lakhdar Brahimi a souillé la mémoire des Chouhada »

« Lakhdar Brahimi a souillé la mémoire des Chouhada »

Dans un entretien au quotidien Le Monde publié le 1erseptembre, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi a fait un parallèle étonnant entre le retrait de l’armée américaine d’Afghanistan et le départ des troupes coloniales françaises d’Algérie en 1962.

A la question du journaliste : « Comment qualifieriez-vous le départ américain d’Afghanistan après vingt ans de présence ? »,  Lakhdar Brahimi a répondu : « Ce n’est pas une défaite militaire ». « C’est comme pour les Français et l’Algérie. Ce sont les Etats-Unis qui ont décidé de partir (…) », a ajouté l’ex-diplomate dans une interview parue le 1er septembre dernier.

Cette étonnante comparaison a suscité l’indignation en Algérie. « C’est un dérapage très grave », dénonce l’écrivain et historien Mohand Arezki Ferrad, qui demande des explications à celui qui a dirigé la diplomatie algérienne de 1991 à 1993.

Pour le Dr Ferrad, il y a des preuves de la défaite française en Algérie, en rappelant que la lutte des Algériens pour l’Indépendance a fait chuter six gouvernements français et fait tomber la 4e République.

« Pour De Gaulle, la victoire militaire n’était pas possible en Algérie »

À l’issue du putsch d’Alger du 13 mai 1958, le général De Gaulle a pris le pouvoir en France le 1er juin de la même année. « Les militaires français ont fait appel à De Gaulle pour mater la révolution algérienne », indique le Dr Ferrad.

« En fin de compte, la victoire militaire (française en Algérie) était impossible » et la France « risquait de perdre la guerre, ajoute l’historien. Au lieu de mater la révolution, De Gaulle a sauvé la France » d’une défaite potentielle en Algérie.

Selon lui, la défaite devenait inéluctable à mesure que les pertes humaines et les dégâts matériels infligés par les révolutionnaires algériens à l’armée coloniale française menaçaient les fondements de la Ve République.

Pour en finir avec cette spirale, De Gaulle « a été contraint de s’asseoir à la table des négociations » avec les représentants du Gouvernement provisoire algérien (GPRA) et à reconnaître aux Algériens le droit à l’autodétermination.

Le référendum d’autodétermination organisé en Algérie le 1er juillet 1962 s’était soldé par un oui massif pour l’Indépendance après 132 années de colonialisme français « durant lesquelles au moins 3 millions d’Algériens sont morts », selon le Dr Ferrad.

« Il aurait été impossible que la France quitte l’Algérie de son propre chef », assène l’historien. D’après lui, la défaite militaire française en Algérie n’est pas comparable avec celle que la France a subie au Vietnam en 1954.

« La victoire militaire algérienne sur la France s’est traduite par le coût économique important qu’a subi l’économie française », ajoute le Dr Ferrad citant le coût économique des lignes Challe et Morice le long des frontières est et ouest de l’Algérie. Le déploiement massif des forces militaires sur le terrain est également un autre fardeau économique pour la France.

« Où est l’Etat ? Où est l’ONM ? »

Le Dr Ferrad ne peut concevoir que la France n’ait pas été défaite militairement en Algérie alors qu’elle était appuyée par les forces de l’Alliance atlantique sans parler des légionnaires.

« Dire aujourd’hui que ce ne fut pas une défaite militaire est un mépris pour la résistance algérienne et aux martyrs », dénonce Mohand Arezki Ferrad. « En ma qualité de fils et de frère de Chahid, j’ai été terriblement blessé » par les propos de Lakhdar Brahimi, lâche l’historien.

L’incompréhension est d’autant plus prononcée qu’elle vient d’un diplomate d’expérience qui mesure la portée des mots, proteste encore le Dr Ferrad. « On entend dire dans la rue que c’est De Gaulle qui aurait offert l’Indépendance aux Algériens. (Brahimi) a dit à peu près la même chose. C’est-à-dire que De Gaulle s’est réveillé un matin et tout en prenant son café avec un croissant, il s’est dit « tiens, on va se retirer d’Algérie »», raille l’historien qui déplore le silence des autorités algériennes et de l’Organisation des moudjahidine (ONM).

« Où est l’Etat ? Où est l’ONM ? Comment se fait-il que le fils de colonel Amirouche  (Nordine Ait Hamouda) a été mis en prison (il a été relâché au bout de deux mois, NDLR) pour avoir dit que l’Emir Abdelkader s’était rendu, alors que lui (Lakhdar Brahimi) a souillé la mémoire des Chouhada, des moudjahidine et du peuple algérien ? », se demande Mohand Arezki Ferrad qui dénonce « un deux poids deux mesures ».

Pour lui, les propos de l’ex-ministre des Affaires étrangères sont « une atteinte au caractère sacré de la Révolution, des Chouhada, malgré cela il n’a pas été sommé de s’expliquer ».

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