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Le général Ghediri connaitra-t-il le même sort que Hocine Benhadid ?

Le général Ghediri connaitra-t-il le même sort que Hocine Benhadid ?

La grande muette sait parfois se montrer trop bavarde. C’est en effet par le biais d’un long communiqué que le ministère de la Défense nationale a rétorqué ce dimanche 30 décembre à la sortie publique d’un officier supérieur à la retraite.

Le communiqué du MDN ne nomme personne, mais nul doute qu’il vise le général-major à la retraite Ali Ghediri, puisque c’est le seul officier à la retraite à s’être exprimé publiquement récemment sur des questions politiques nationales.

Le 25 décembre, le général Ghediri laissait entendre, dans une interview accordée au quotidien El Watan, que le chef d’État-major Ahmed Gaïd-Salah n’allait pas permettre la transgression de la Constitution par le prolongement du mandat actuel du chef de l’État.

« Je ne pense pas que le général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah puisse permettre à qui que ce soit de violer d’une manière aussi outrageuse la Constitution. Il n’est pas sans savoir qu’il est le dernier de sa génération et que l’histoire est fortement attentive à ce qu’il fait ou fera. Je reste persuadé qu’il sera au rendez-vous de l’histoire, comme il l’a été hier, alors qu’il n’avait que 17 ans », a affirmé le général à la retraite. Ces propos avaient été interprétés comme un appel à l’armée pour peser de tout son poids dans les décisions politiques à prendre en lien avec la prochaine échéance présidentielle.

La réplique du MDN est cinglante. Elle s’apparente à un niet catégorique. « A l’approche de l’échéance électorale présidentielle, certains individus mus par des ambitions démesurées et animés par des intentions sournoises tentent et par tous les moyens, notamment les médias, de préjuger des prises de positions de l’institution militaire vis-à-vis des élections présidentielles et s’arrogent, même, le droit de parler en son nom », écrit le MDN. Non sans rappeler les « principes immuables » qui ont toujours guidé l’ANP et qui « font d’elle une institution au service du seul peuple algérien, lequel voit en elle ce rempart inébranlable qui protège l’Algérie contre tous les dangers et lui assure la sérénité et la quiétude (…) À ce propos, l’Armée Nationale Populaire, faut-il le noter, dont la démarche est dictée par son caractère éminemment légaliste et républicain, respectueux de l’ordre constitutionnel, n’a pas de leçons à recevoir d’individus qui n’existent que par les cercles qui les commanditent ». Clair net et précis : l’ANP ne compte pas interférer dans le débat politique.

L’autre point qui semble avoir irrité le MDN, c’est le fait que le même général à la retraite, se prévalant du « pragmatisme », minimise la place de l’Algérie sur le plan géostratégique. « Dans une tentative ratée de se faire prévaloir d’un soi-disant pragmatisme et réalisme, l’analyse développée sur le statut de l’Algérie au niveau régional par ces apprentis analystes révèle, à bien des égards, que la connaissance dans le domaine géostratégique, dont ils se targuent sans en maitriser les contours, ne les prédisposent, même pas, à saisir le sens du concept « État pivot » », lit-on dans le communiqué.

À la parution de l’interview du général Ghediri, certains s’étaient étonnés du fait que ce dernier ait pu faire fi de la loi imposant le devoir de réserve aux officiers à la retraite. Le MDN fait justement référence à ce texte et menace même de sévir : « Pour parvenir à leur fin, ces gens-là qui ont fait abstraction de toute considération à l’obligation de réserve à laquelle ils sont astreints, en vertu de la loi n°16-05 du 03 août 2016 et sous peine de laquelle ils peuvent être poursuivis en justice, s’essayent à la politique, avec comme seul attribut l’esprit revanchard et se permettent, sans respect de toute forme d’éthique et de déontologie, de s’ériger en donneurs de leçons (…) Compte tenu de ces agissements récurrents qui ont dépassé, par leur indécence, le seuil de l’intolérable, notre institution se réserve le droit de faire appliquer à l’encontre de leurs auteurs, les mesures légales appropriées ».

La loi 16-05 a été inspirée par l’épisode de l’autre général à la retraite Hocine Benhadid qui avait critiqué publiquement le haut commandement de l’ANP. Arrêté en septembre 2015, il a été remis en liberté provisoire pour raisons de santé en juillet 2016, soit après dix mois de détention à la prison d’El Harrach. En mars dernier, il a été condamné à un an de prison avec sursis pour outrage à corps constitué.

Parallèlement à ses déboires judiciaires, le général avait vu son fils condamné à la même peine dans une affaire de détention illégale d’arme.

Depuis la promulgation de la loi, les officiers de l’ANP à la retraite qui avait l’habitude d’intervenir publiquement sur des questions politiques, se sont astreints à l’obligation de réserve imposée par les dispositions du texte.

Le premier à les avoir « transgressées » est donc le général Ali Ghediri qui, avant son interview à El Watan, s’était distingué par la publication de trois tribunes dans le même quotidien sur la situation politique du pays. Il avait notamment interpellé « les aînés » et « le frère Boteflika ».

Connaitra-t-il le même sort que le général Benhadid ? On ne peut préjuger de rien pour le moment. Tout ce qu’on sait, c’est que c’est bien à lui qu’est destinée la mise au point de l’armée et que la rhétorique utilisée est d’une extrême fermeté.

Dernière question : qui pourraient être ces « cercles occultes » qui auraient « commandité », selon le communiqué du MDN, la sortie du général Ghediri ?

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