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Nouveau variant du Covid-19 : quels risques pour l’Algérie ?

Nouveau variant du Covid-19 : quels risques pour l’Algérie ?

Le nouveau variant du Covid-19, Omicron, apparu en Afrique du Sud, inquiète au plus haut point les scientifiques qui lui prêtent une vitesse de propagation importante mais aussi une éventuelle résistance au vaccin.

Six autres cas ont été confirmés en Afrique du Sud, et un à Hong-Kong chez un voyageur revenant d’Afrique du Sud. Selon la chaîne France 24, le variant Omicron a été détecté en Belgique.

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Spécialiste des maladies transmissibles et des pathologies tropicales, le Pr Idir Bitam qualifie ce nouveau variant de « très inquiétant ». Il partage les interrogations de la communauté scientifique sur une potentielle capacité de résistance de ce nouveau variant aux vaccins.

« Il est plus virulent mais on ne sait pas s’il est résistant aux vaccins. Les mutations sont plus importantes au niveau de sa protéine Spike (décrite par les scientifiques littéralement comme la clé qui permet au SARS-CoV ‏2 de pénétrer dans les cellules humaines) », a-t-il indiqué dans une déclaration à TSA.

« La protéine Spike aurait muté une trentaine de fois. Autant de clés d’entrée dans la cellule. Il est, semble-t-il, très contagieux et potentiellement résistant aux vaccins », complète le Pr Salah Lellou.

Selon le Pr Bitam, les conséquences pourraient être graves s’il s’avérait que les mutations sont plus importantes et « dans ce cas il devient plus dangereux que le Delta plus ».

« Il y a un manque d’autorité en matière de vaccination »

Les spécialistes sont préoccupés par le relâchement et le retard dans la vaccination en Algérie. Ils insistent sur le respect des mesures barrières dont le port de masque jugé par le Pr Lellou « plus que nécessaire pour ralentir la propagation du virus ».

Le second aspect de la prévention consiste en l’accélération de la vaccination. « Ceux qui ont reçu une dose doivent aller prendre une deuxième dose, ceux qui ont fait la deuxième dose il y a plus de 6 mois il faut qu’ils aillent recevoir la troisième dose. Au bout de 6 mois la protection immunitaire chute jusqu’à 48 % », exhorte Salah Lellou.

 « J’ai remarqué ces derniers temps que ceux qui ont reçu leurs deuxièmes doses depuis plus de six mois sont nombreux à avoir des signes de Covid-19 parfois avec des signes de gravité », ajoute-t-il.

La vaccination anti-Covid qui marque le pas en Algérie préoccupe les spécialistes. Les chiffres du ministère de la Santé font état de 5 millions d’Algériens totalement vaccinés et 6 millions d’autres qui n’ont reçu qu’une seule dose du schéma vaccinal qui comprend deux injections.

« Il y a environ un peu plus de 13 % de la population cible (le ministère de la Santé a avancé le chiffre de 20 millions, ndlr) qui ont reçu les deux doses. Pendant qu’en Tunisie il y a plus de 30 % et au Maroc ils sont à 60 % », indique le Pr Lellou.

« On doit accélérer la campagne vaccinale justement pour empêcher les mutations », a-t-il recommandé. Le ralentissement de la vaccination est d’autant paradoxal que le vaccin existe en quantité en Algérie, a fait remarquer le Dr Yacine Terkmane, président de la section ordinale régionale des médecins de Blida.

« Des vaccins risquent de se périmer », a-t-il averti, ajoutant que les doses en surplus devraient être utilisées pour accélérer la campagne pour la dose de rappel (3e dose). Le Dr Terkmane déplore la lenteur de la campagne de vaccination anti-Covid en Algérie. « On a accusé un retard très important. Je pense qu’il y a un manque d’autorité de la part des pouvoirs publics concernant cette vaccination », a-t-il déploré. « Il faut aller, sans que ce soit une obligation, vers des mesures de contraintes comme le pass vaccinal », a-t-il recommandé.

Faut-il fermer les frontières ?

Face à la menace du variant Omicron, de nombreux pays nord-américains, européens et arabes, ont annoncé la suspension de leurs lignes aériennes avec l’Afrique australe.

Le Pr Idir Bitam plaide pour la fermeture des frontières avec l’Europe « car le variant est déjà entré chez eux », tout en préconisant d’augmenter le dépistage antigénique et la PCR.

Le chef de service pneumologie à l’EHU d’Oran, le Pr Salah Lellou, recommande le renforcement du contrôle sanitaire en rejetant l’idée d’une fermeture totale des frontières.

« Je pense que ça ne sert à rien de fermer totalement les frontières, l’expérience a montré que le virus passera d’une manière ou d’une autre », affirme le Pr Lellou qui préconise le renforcement du contrôle sanitaire et des procédures de protection.

Un avis que semble partager le Dr Mohamed Bekkat Berkani. « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour les vols depuis la France et l’Europe. C’est plutôt vers les pays du Golfe qui ont beaucoup de connexion avec l’Afrique qu’on devrait prendre des précautions. Avec un test PCR de 36 h et un dépistage à l’arrivée on est suffisamment armés », estime le président du Conseil de l’ordre des médecins dans une déclaration à visa-algerie.com, ce samedi 27 novembre.

Il ajoute que l’instauration du pass vaccinal « pourrait être une solution de plus ». « Si le variant est présent en Europe, il pourra par ricochet arriver chez nous », prévient le Dr Yacine Terkmane.

 Il se montre toutefois serein quant au risque d’importation du nouveau variant grâce aux mesures de contrôle aux frontières. « En matière de contrôle à nos frontières, je pense qu’on ne peut pas faire plus. Vous avez un test PCR négatif que le voyageur réalise 36 h avant l’embarquement, généralement la veille et pour certains voyageurs à l’aéroport même. Dès qu’il débarque en Algérie, le passager réalise un test antigénique. S’il y a des cas positifs, ils sont détectés soit à l’embarquement soit à leur descente de l’avion », ajoute le Dr Terkmane qui a eu à expérimenter ce dispositif lors d’un récent voyage en France.

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