search-form-close
Rapport américain sur la traite de personnes : les bons et les mauvais points pour l’Algérie

Rapport américain sur la traite de personnes : les bons et les mauvais points pour l’Algérie

Le rapport du département d’État américain sur la traite de personnes dans le monde publié ce vendredi est mitigé au sujet de l’Algérie.

« Le gouvernement algérien ne satisfait pas pleinement aux standards minimums pour l’élimination de la traite; cependant, il fait des efforts significatifs pour le faire », affirment d’emblée les auteurs du rapport sur la période allant du 1er avril 2017 au 31 mars 2018.

Selon le rapport, le gouvernement algérien « a fait des efforts significatifs pendant la période de référence ». Ces efforts se reflétant essentiellement sur le nombre d’enquêtes et de poursuites menées contre des trafiquants d’êtres humains, l’amélioration du cadre législatif ainsi que les efforts de formation des forces de sécurité et des magistrats.

L’instauration d’une journée nationale de lutte contre le trafic d’êtres humains et la création de la Commission nationale de prévention et de répression de la traite de personnes sont également saluées par le rapport.

Les législations visant à lutter contre le trafic d’êtres humains ont également connu des progrès en Algérie selon le rapport.

« Le gouvernement a accru ses efforts pour enquêter sur et poursuivre les trafiquants », signale le rapport qui a mis l’accent sur les lois adoptées par l’Algérie qui criminalisent l’exploitation d’humains dans la prostitution ou le travail forcé en punissant ces crimes de peines de prison d’une durée allant de 3 à 20 ans, des peines « suffisamment rigoureuses », selon le rapport.

Autre bon point mis au crédit de l’Algérie, la préparation d’une loi anti-trafic d’humains qui va « institutionnaliser les mesures prises récemment de façon ad hoc ».

Le rapport a également mis en avant les avancées de l’Algérie sur la prévention du trafic d’êtres humains, par la mise en place d’une commission dédiée à la lutte contre ce trafic, la mise en place du plan d’action national contre le trafic d’êtres humains en 2015.

Bilan mitigé pour l’action du gouvernement contre la traite de personnes

Le bilan de l’action de l’Algérie contre le trafic d’humains dressé par le rapport est mitigé. Même si des résultats probants sont signalés par les auteurs, un manque de données et des failles dans l’organisation, la législation et le traitement des cas de trafic d’humains et dans la protection de victimes sont mis en avant.

Ainsi, selon le rapport, l’Algérie a identifié durant la période de référence du rapport 33 victimes de trafic d’êtres humains, dont une algérienne et 32 ouest-africaines, a mené des enquêtes concernant 26 trafiquants et des poursuites contre 22 personnes suspectées de faire du trafic d’êtres humains, contre 16 au cours de l’année passée.

« Quatre suspects sont suspectés d’avoir exploité deux enfants dans un trafic sexuel, trois personnes sont suspectées d’avoir exploité dans le travail forcé des subsahariens en situation irrégulière et un nombre indéfini de personnes ont été poursuivies pour l’exploitation de 12 filles maliennes dans des tâches domestiques », a indiqué le rapport.

« Bien qu’il n’ait pas rapporté avoir spécifiquement condamné des trafiquants, le gouvernement a rapporté la condamnation de 14 des 79 auteurs présumés d’infractions liées au travail d’enfants à des peines de prison, dont certains pourraient être impliqués dans le trafic d’humains », a également indiqué le rapport.

Le rapport fait ressortir un flou sur les données concernant le trafic d’humains en Algérie, un flou qui est notamment dû à l’absence de « mécanisme formel d’identification et de signalement des victimes ».

« Des officiels ont reconnu des difficultés à distinguer entre les migrants clandestins et les victimes de traite de personnes », indique le rapport selon lequel « les autorités continuent à compter sur les victimes pour rapporter les cas de traite de personnes, mais celles-ci ne le font pas par crainte d’être arrêtés ou expulsées ».

Les recommandations

Une longue liste de recommandations pour une lutte plus efficace contre la traite de personnes a été émise par le rapport du département américain en direction d’Alger.

Le rapport recommande notamment d’enquêter rigoureusement sur les cas de trafic de personnes, poursuivre et condamner les personnes coupables de trafic sexuel et de travail forcé et les punir de peines assez sévères.

L’Algérie doit également « établir des procédures formelles pour l’identification proactive des victimes et leur orientation vers les soins », a indiqué le rapport selon lequel des efforts de formation doivent également être fournis par l’Algérie.

Le Département d’État préconise une meilleure formation du personnel médical, des forces de sécurité, des magistrats et des travailleurs sociaux pour une bonne application des procédures à mettre en place.

De nombreuses lacunes concernant la protection des victimes de traite de personnes et des migrants clandestins ont été signalées par le rapport qui recommande de « développer des mécanismes formels pour apporter protection et soutien à ces victimes, soit directement soit à travers la collaboration avec les ONG ou les organisations internationales ».

Le rapport demande également à l’Algérie d’ « assurer un rapatriement sûr et volontaire des victimes étrangères, y compris par la collaboration avec des organisations compétentes et les ambassades des pays d’origine ».

  • Les derniers articles

close