Karim Benzema n’avait sans doute pas totalement tort d’évoquer, en 2016, juste après son exclusion de la liste pour l’Euro, une « partie raciste de la France ».
Certes, nul ne peut aujourd’hui encore accuser le sélectionneur Didier Deschamps de l’avoir écarté pour de telles considérations, comme l’avait soutenu le joueur, mais cette « partie raciste de la France » n’est pas une vue de l’esprit.
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Elle l’a encore prouvé avec le retour de l’attaquant du Real Madrid chez les Bleus, après près de six ans d’absence. Cela dit, son retour, annoncé mardi soir à l’occasion de la divulgation de la liste de Deschamps pour l’Euro (11 juin – 11 juillet) , est salué par une grande partie des Français, le président Emmanuel Macron en tête.
Benzema n’a plus été convoqué en équipe de France depuis octobre 2015 au lendemain de l’éclatement de l’affaire dite de la sextape, un chantage dont avait été victime son coéquipier en sélection Mathieu Valbuena.
Depuis, beaucoup a été dit sur cette affaire dans laquelle même les politiques se sont mêlés. Les origines du joueur et son « attachement » à l’équipe de France et même à la France tout court ont toujours été au centre du débat.
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À l’époque, on avait prêté au pouvoir politique français un rôle déterminant dans l’exclusion de l’attaquant franco-algérien.
Ce que l’ancien président François Hollande a nié en mars dernier. « Benzema est un très grand joueur de football, regardez ce qu’il fait au Real. Je ne rentre pas dans cette histoire. De toute façon, la procédure n’est pas terminée. Ce que je dois dire, c’est que Benzema est un très grand joueur de football. Des pressions politiques ? En aucune façon, pas plus que du ministre des Sports ou de Manuel Valls à l’époque. Personne n’a fait cette intervention. Et c’est Deschamps qui a choisi d’autres joueurs, qui a choisi de ne pas retenir Benzema, pas simplement sur des critères sportifs, c’est vrai », a révélé l’ancien chef de l’État.
Mais le premier ministre de l’époque Manuel Valls avait tenu des propos sans équivoque sur le joueur. Des propos publics qu’il ne peut pas nier.
« Tant de jeunes se reconnaissent dans les grands sportifs. S’il ne l’est pas, il n’a pas sa place dans l’équipe de France… Quand on assume des responsabilités et qu’on incarne l’équipe de France, il faut être exemplaire », avait-il jugé.
Ce à quoi Benzema avait répondu, chiffres à l’appui, sur Twitter : « 12 saisons que je suis professionnel : 541 matchs joués 0 carton rouge 11 cartons jaunes !!! Et certains parlent de mon exemplarité ??? »
Après six ans de polémiques donc, le joueur est de nouveau convoqué chez les Bleus, à la faveur d’une excellente saison réalisée avec le Real Madrid dont il a hérité les clés de l’attaque depuis le départ de Cristiano Ronaldo à la Juventus en 2018.
« C’est un type qui refuse de chanter la Marseillaise »
Mardi dernier, Deschamps a passé l’éponge et l’a inclus dans sa liste pour l’Euro. « Tellement fier de ce retour en équipe de France et de la confiance que l’on m’accorde. Merci à ma famille, mes amis, mon club, à vous… et à tous ceux qui m’ont toujours soutenu », a posté immédiatement après le joueur sur Instagram.
Beaucoup en France ont salué ce retour, dans le monde du sport mais aussi de la politique. Le président Emmanuel Macron par exemple a un avis tranché sur la question.
Pour lui, Deschamps a pris « la meilleure équipe possible ». Interrogé si le retour de Benzema est une chance supplémentaire pour les Bleus, il répond sans ambages : « J’en suis convaincu. Si c’est le choix du sélectionneur, c’est qu’il en est convaincu aussi. À la fois pour sa qualité de joueur, la maturité qu’il a prise, et sa capacité à s’insérer dans ce collectif ».
L’avis du président de la République est largement partagé en France, mais pas par tout le monde.
Raymond Domenech, ancien sélectionneur des Bleus, trouve maladroit le timing et explique que le retour de Benzema peut gêner les autres joueurs.
« Il faut peser le pour et le contre. Le contre, c’est justement que maintenant, tout se focalise sur Karim, sur Benzema, et que tout d’un coup, les autres à côté se sentent un peu éteints, qu’ils ne sachent plus trop où est leur place parce que là, on ne va parler pendant quinze jours que de Karim », a-t-il dit.
Si Domenech avance un argument purement sportif pour émettre des doutes quant à l’opportunité de reprendre Benzema, d’autres personnalités, connues pour leur discours raciste, exhument d’anciennes déclarations de Benzema ou qui lui ont été faussement attribuées pour remettre en cause son patriotisme.
« Quand Karim Benzema en 2006 nous dit que son pays c’est l’Algérie, qu’il aurait volontiers joué en Algérie mais que sportivement – comprenez pour une histoire d’argent – il préfère jouer en France, lorsqu’il ne chante pas La Marseillaise, lorsqu’il crache par terre après La Marseillaise jouée en l’honneur des morts du Bataclan, ces choses-là me choquent », a réagi Jean Messiha, ancien membre du Rassemblement national (extrême droite), chroniqueur à Cnews.
Ou encore Stéphane Ravier, sénateur du parti de Marine Le Pen : « Je me souviens de ses déclarations : je suis Français pour le football, mais je suis Algérien par le cœur ».
Eric Zemmour, le polémiste connu pour ses positions extrémistes anti-immigration, ne pouvait pas rater un tel débat.
« Je ne discute pas son talent intrinsèque. Mais quand ce type, qui est franco-algérien, explique pourquoi il a choisi de jouer pour l’équipe de France et dit ‘vous savez, moi mon pays c’est l’Algérie, la France c’est uniquement pour le sport’… Tout est dit. C’est un type qui refuse de chanter la Marseillaise parce qu’il dit que c’est un chant guerrier. On n’avait pas remarqué que l’hymne algérien était très pacifique, en particulier vis-à-vis de la France », a lâché le chroniqueur de CNews.
