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Semaine nationale du Coran : le texte intégral du message de Bouteflika

Semaine nationale du Coran : le texte intégral du message de Bouteflika

Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a adressé lundi aux participants à la 20e Semaine nationale du Saint Coran un message, dont voici la traduction APS :

« Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux,

Que Son salut soit sur son prophète Mohamed,

Mesdames, Messieurs,

De toutes les contrées du monde, des oulémas, des exégètes et des prédicateurs se retrouvent, une nouvelle fois, en Algérie pour l’évocation d’Allah, la méditation et l’échange. Une tradition que nous avons veillé à perpétuer, depuis vingt années, à la faveur de la Semaine nationale du Saint Coran que nous avons initié en consécration de notre fidélité à la voie de notre prophète (QSSSL).

C’est mû par cette fidélité que les gens du Coran continuent à former les promotions des récitateurs qu’accueille la Semaine nationale du Saint Coran, devenue un véritable creuset où sont sélectionnées les meilleures voix en psalmodie et récitation. L’Algérie continue à puiser, dans cette riche pépinière, les meilleurs parmi ses filles et ses fils qui l’a représenté dignement dans des manifestations internationales et ne reviennent qu’après avoir décrocher les premières places et hisser haut l’emblème national.

Bienvenus à vous, gens du Coran, étudiants et enseignants, rassurés et confiants soient nos augustes Cheikhs et félicitations à nous musulmans et fervents croyants.

Mesdames, Messieurs,

Nous voilà réunis en cette nouvelle édition pour laquelle vous avez retenu un thème d’une importance majeure, un thème que la Oumma gagnerait à méditer pour en emprunter toute la signification et les vertus. La fidélité en tant que valeur coranique et principe moral et civilisationnel mérite véritablement d’être un sujet de débat par cette élite des universités, des instituts, des mosquées et des Zaouia.

La fidélité revêt, dans le Coran, une grande valeur, c’est même la valeur par excellence. Une valeur qu’Allah a choisi parmi tant d’autres en tant que qualificatif en disant: « Allah, vraiment, ne manque jamais à sa promesse » (Al-Imran 9) et en poursuivant « Et qui est plus fidèle qu’Allah à son engagement ». (At-tawba 111)

La fidélité est une vertu glorifiante pour celui à qui elle est attribuée, Allah en a qualifié le père des prophètes, Ibrahim (Que la paix soit sur lui) en déclarant: « Et celles d’Ibrahim qui a tenu parfaitement sa promesse de transmettre » (En-najm 36-41) ainsi qu’Ismail (Que la paix soit sur lui) en disant: « Et mentionne Ismail dans le Livre. Il était fidèle à ses promesses ». (Maryam 54-55)

Elle est pour Allah la caractéristique des croyants sincères et leur marque de distinction dans son affirmation: « Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés ». (Al-baqara 177)

La fidélité à l’engagement envers les autres étant une valeur noble, la société ne peut se hisser à ce degré qu’en consacrant et en adoptant la vertu morale et éthique. Aussi, son importance est-elle soulignée dans différents versets et Allah en a exhorté les croyants à maintes reprises, par exemple lorsqu’il dit: « Soyez fidèles à vos engagements, car en vérité, il (vous) en sera demandé compte » (Al Isrâ 34) et « Soyez fidèles à vos engagements envers Dieu » (An Nahl- 91) ainsi que lorsqu’il avertit: « O vous qui croyez! respecter vos engagements ». (Al Mâ’ida-1)

L’Islam considère incomplète la foi de celui qui faille à ses promesses. Le prophète (QSSSL) n’a t-il pas affirmé dans un Hadith: « il n’y a pas de Foi pour celui qui ne respecte pas les dépôts et il n’y a pas de Religion pour celui qui ne respecte pas les pactes ». Pour notre religion, celui à qui ces préceptes font défaut, est un être sans conscience et ni morale à qui il ne faut pas se fier. En effet, comment peut-on avoir confiance à celui que le Hadith a défini ainsi: « il ment en parlant, il viole sa promesse et triche si on lui confie quelque chose ».

Une nation qui tient la fidélité pour valeur est une nation aimée par Allah, qui dit: « Au contraire, quiconque remplit sa promesse et craint Allah, Allah aime les pieux » (Al-Imran 76). C’est une nation à qui Allah a promis le Paradis: « Si vous tenez vos engagements vis-à-vis de moi, je tiendrai les miens. Et c’est moi que vous devez redouter » (Al-Baqarah 40).

C’est également une nation qu’Allah rétribuera doublement: « Et quiconque remplit son engagement envers Allah, Il lui apportera bientôt une énorme récompense » (El-Fath : 10).

Mesdames, Messieurs,

La fidélité est un système d’éthique intégré s’élevant au rang des valeurs promues et protégées par les esprits saints, des valeurs prônées et défendues par les lois, l’éducation et l’enseignement. La force des nations diffère, en effet, en fonction du rayonnement qu’elles s’attellent à conférer à cette valeur, dont dépend leur essor ou leur disparition.

La force d’une nation se mesure à sa fidélité à son passé, à son patrimoine et à son histoire, et sa faiblesse réside dans le reniement de son passé, la négation de son patrimoine, l’oubli de son histoire et le mépris de son enseignement.

L’identité de l’Algérie est sous-tendue par son passé amazigh ancestral, son histoire arabe séculaire et son patrimoine arabo-musulman authentique et la fidélité à ces constantes, est la fidélité à la patrie même.

C’est pourquoi, il est inadmissible, aujourd’hui, que les débats creux et le scepticisme systématique poussent nos enfants au déni de leur histoire, au reniement de leurs prédécesseurs et au dénigrement des constantes de leur identité. La fidélité à l’histoire et aux aïeux, tout en étant ouverts sur l’ère moderne et en réagissant de manière constructive avec la réalité, permettra à l’Algérie d’atteindre ses ambitions et de se hisser au rang des grandes nations.

Une nation dont l’histoire foisonne de grands ancêtres comme Ibn Maâti Zouaoui et Ibn Adjerroum, de philosophes et de théologiens comme le premier fondateur du roman Apuleius, du penseur Malek Bennabi, et de savants en astronomie comme Ibn Quenfed El Qacentini ou l’érudit Ahmed Tifassi ou encore l’encyclopédiste Abderrahmane Ben El-Haffaf, et bien d’autres, n’a pas à s’inquiéter, ni à se laisser gagner par le désespoir ou renoncer à son glorieux passé .

Une nation qui a enfanté des Hommes de la trempe de l’éminent exégète Houd Ben Mohkam El Houari, du maître du Tajwid Abou Abdellah Et-Tenessi, du maître des rapporteurs du Hadith, Ibn Nacer Daoudi El-M’sili El-Biskri, ou des Hommes comme Cheikh Abdelkrim El Maghili, Cheikh Abderrahman Et-Thaâlibi, Abi Mediène Chouïb et tant d’ouléma et d’exégètes auprès de qui les apprenants affluaient des régions les plus éloignées, dont les ouvrages étaient copiés et dont la présence rehaussait les rencontres de débat et de recherche, est une nation qui ne peut délaisser le meilleur pour le pire et se détourner de son patrimoine confessionnel au profit de doctrines convenant, par essence, plus aux sociétés où elles ont été développées.

C’est également une nation qui ne peut douter des choix de ses ancêtres en matière de croyance, de jurisprudence et de conduite. Partagées par le monde qui nous entoure et à l’origine de l’unification de bien des contrées, ces options ont été, pour nos aïeux, une forteresse et un solide rempart contre toutes les tentatives visant à acheter leur foi, à remettre en cause notre système religieux ou à attenter à nos valeurs et nos mœurs.

Partant, je me dois de mettre en garde contre le fait que nous pourrions, aujourd’hui, être à l’origine du détournement de nos enfants de leurs aïeux oulémas qui ont défini, pour cette patrie, les fondements d’un référent religieux orthodoxe, inspiré du Coran et de la Sunna et basé sur la modération et le juste milieu. Un référent religieux qui se renouvelle et s’adapte par l’Ijtihad.

C’est là, véritablement, le risque de déstabiliser leur confiance en leurs acquis de compréhension et d’interprétation et de les exposer au danger des courants de pensées intrus, des tendances confessionnelles dévoyées et des mouvances opportunistes instrumentalisant l’Islam pour diviser les sociétés, affaiblir les pays et y semer haine et rancœur.

Mesdames, Messieurs,

L’adoption de la vertu de fidélité est un gage de la sincérité de l’amour de la Patrie, sa défense et sa préservation. Le savant arabe Al-Asmai

disait à bon droit « Si tu veux connaître la loyauté d’un homme et sa fidélité à son engagement, porte un regard sur sa nostalgie à sa patrie et son chagrin quant à l’absence de ses frères ».

Durant la Glorieuse guerre de libération, c’est la fidélité à la patrie qui a amené les valeureux jeunes de l’Algérie à sacrifier leurs vies pour sa libération. Un sacrifice qui leur vaut l’évocation respectueuse par les enfants de leur pays et l’inscription de leurs noms au Registre des immortels.

La mémoire nationale ne peut occulter les vagues de Chouhada qui ont versé leur sang pour l’Algérie et la fidélité à cette génération implique de ne jamais oublier ces sacrifices et de respecter le serment fait aux Chouhada de poursuivre leur oeuvre pour la défense de l’Algérie, de son territoire et de son unité et le développement de son économie.

La fidélité à la patrie étant enracinée dans le cœur des enfants de l’Algérie, ils n’ont pas lésiné à rééditer le sacrifice et à conjuguer leurs efforts en se dressant, à l’image de leurs aïeuls moudjahidine, comme un seul homme pour sauver l’Algérie du brasier de la Fitna qui a failli, si ce n’est la clémence d’Allah et les sacrifices des dévoués, torpiller le legs des martyrs, démanteler les fondements de l’Etat national et saper les principes de Novembre et l’héritage civilisationnel de l’Etat.

Aujourd’hui, l’Algérie jouit des fruits de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale que la Constitution a érigée en principe immuable et en base de travail dans notre appréhension des réalités et des événements. Cette charte, née d’une douloureuse crise, ne signifie nullement déchirer la page du passé et oublier la tragédie et ses causes.

De même, qu’elle ne nous met pas totalement à l’abri d’une autre tragédie. Le danger continuera de nous guetter, si nous ne demeurons pas fidèles à ces martyrs qui se sont sacrifiés pour préserver l’unité de l’Algérie et contrecarrer le discours de la discorde, de la haine et de la discrimination.

A l’occasion de cette rencontre sur le Saint Coran, je tiens à exprimer, du plus profond de mon cœur, à cette honorable assemblée d’imams, de chouyoukhs et d’oulémas, la gratitude et la déférence de l’Algérie à tous les imams qui n’ont pas quitté leurs postes, abandonné leurs mosquées et cédé leurs tribunes aux voix de la discorde durant la Tragédie nationale en payant un lourd tribu.

En effet, des dizaines et des dizaines sont tombés en martyrs sur leur mihrab même et du haut de leurs tribunes pour la défense de l’Islam vrai, que nous ont enseigné nos aïeux. Ils ont payé de leur vie, la préservation de l’Algérie contre la fitna pour ne pas saper son unité, disperser ses rangs et affaiblir sa force.

La fidélité à cette élite choisie passe par la poursuite de la lutte de l’Etat contre le discours de haine et les tentatives de division sectaire et confessionnelle et la réhabilitation du legs de nos ancêtres ouléma, dont le discours et les prêches constituaient une véritable panacée aux maux affectant la société et entravant son développement et son essor. Leurs prêches et fatwa servaient d’orientation religieuse et de mobilisation nationale pour une vie heureuse ici-bas et la plénitude dans l’au-delà.Ils étaient, de par leur conduite, un modèle de sacrifice et de don de soi sans limite au service de l’Islam et de l’Algérie.

Mesdames, Messieurs,

Je vous exhorte et j’appelle, à travers vous, l’ensemble des organisations de la société, notamment les établissements éducatifs, culturels, scientifiques et médiatiques ainsi que les nombreux et différents secteurs en charge de la sensibilisation de l’opinion publique à assumer leurs missions et à œuvrer à la conjugaison des efforts au service de l’intérêt général.

Il s’agit également d’apporter aide et assistance aux établissements d’éducation spirituelle, orthodoxe et authentique, afin de propager la vertu dans la société et accompagner cette dernière dans le retour vers son passé de nobles valeurs, leur promotion et leur consécration dans le vécu quotidien.

La fidélité, en tant que valeur fondamentale s’ajoutant aux nobles principes représentant l’échelle des valeurs nationales constitue le solide rempart contre lequel s’échoueront toutes les manœuvres visant notre identité, notre modération et notre unité religieuse et nationale.

C’est cette échelle de valeurs que je vous invite à ressusciter, à défendre et à consacrer dans la société en tant que principe et conduite. Je vous félicite pour vos efforts louables, priant le Tout-Puissant de vous protéger et de vous guider vers le succès et la réussite ».

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