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Suppression du service civil : entretien avec le président du Syndicat des praticiens spécialistes

Suppression du service civil : entretien avec le président du Syndicat des praticiens spécialistes

Le président de la République a annoncé hier lundi la création d’une Agence nationale de sécurité sanitaire. Qu’en pensez-vous ?

Dr Mohamed Yousfi président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) : Il est clair que tous les professionnels de la santé dont nous faisons partie demandent depuis des années l’installation de cette agence, parce qu’il y a un vide énorme et vous n’avez qu’à voir l’épidémie du Covid-19. Cette agence est importante. Elle ne sera pas spécialement chargée de la veille, elle va s’occuper de tout ce qui est problèmes sanitaires. Elle va chapeauter tout le volet médical, recommandations et conseils, etc. Cette agence sera en quelques sorte le chef d’orchestre de notre système de santé, du point de vue technique et médical. Donc on ne peut que se réjouir de cette annonce mais il faudrait aussi que cette agence soit concrétisée rapidement sur le terrain. Nous avons eu déjà l’épisode de l’Agence nationale du médicament. Le premier décret a été publié en 2008 et ce n’est qu’en 2019 que cela s’est concrétisé.

Le président a également annoncé l’abrogation du service civil pour les médecins spécialistes. C’est une réponse à une vieille revendication des médecins résidents…

Comme syndicat représentant les médecins spécialistes de santé publique, je rappelle que les médecins spécialistes ont longtemps souffert de cette injustice qui est même anticonstitutionnelle. Avant les années 1990, le service civil touchait tous les universitaires quel que soit le secteur. C’était la contrepartie pour un universitaire vis-à-vis de l’État qui l’a formé gratuitement. Après les années 90’ la mesure a été supprimée parce qu’il y avait assez de cadres mais la elle a été reconduite dès les années 2000. Effectivement, parce qu’il y avait une demande à savoir la couverture spécialisée à travers le territoire national. Mais à ce moment-là pourquoi l’instaurer pour le médecin spécialiste seulement ? Le service civil ne concerne pas les paramédicaux, ni les médecins généralistes et les hospitalo-universitaires. La solution était pourtant toute simple : mettre en place des mesures incitatives. Nous le disons depuis 2002. Nous avions dit que c’est une mesure injuste et une fausse solution pour un véritable problème qu’est la couverture spécialisée. Il s’agit donc de la réparation d’une injustice mais encore faut-il que cette mesure soit concrétisée rapidement. Il faut signaler que nous n’avons jamais appelé à supprimer brusquement le service civil sans les mesures incitatives. Ce qui a été annoncé est pour nous encore insuffisant. Mettons rapidement en place des mesures incitatives et le service civil disparaîtra de lui-même. L’abrogation du service civil doit être effective à travers la mise en application des mesures incitatives.

Quelles sont ces mesures incitatives auxquelles vous faites références ?

D’abord réhabiliter le spécialiste de santé publique pour qu’il puisse embrasser cette carrière, rester dans la santé publique et partir à l’intérieur du pays. Il y a déjà 18 ans, nous avions proposé par exemple de tripler le salaire au moins dans l’extrême sud. Le salaire ne doit pas être le même à Laghouat qu’à Tamanrasset. Et avant d’arriver à la question du salaire, il faut d’abord revoir le statut particulier du médecin spécialiste qui est le seul statut qui soit injuste et insuffisant. Le statut qui date de 2009 et contre lequel nous avons fait des grèves n’encourage pas de rester dans la santé publique. Ce statut renferme beaucoup d’anomalies qui ont été par la suite corrigées, les amendements sont au niveau du gouvernement. En révisant ce statut, on va donner au spécialiste son véritable droit. Ensuite, viennent les questions de salaire, les conditions de travail à l’exemple du plateau technique. Il faut dire qu’en termes de conditions de travail, il y a eu une nette amélioration depuis une quinzaine d’années. Il y a des structures et du matériel, il y a les logements de fonction, mais ce qui n’a pas suivi ce sont les incitations financières. D’un autre côté, il faudrait que les autorités locales bougent, notamment les walis qui devraient encourager ces spécialistes en leur proposant d’autres formules de logements pour les inciter à rester sur place. On peut aussi agir sur les impositions.

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