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Une station de métro change de nom à Berlin : la chasse aux symboles du racisme se poursuit en Occident

Une station de métro change de nom à Berlin : la chasse aux symboles du racisme se poursuit en Occident

Un peu partout dans le monde, on continue à se débarrasser comme on peut des symboles du racisme, du colonialisme et de l’esclavage.

A Berlin, capitale de l’Allemagne, une station de métro change de nom. On peut penser qu’elle immortalisait un personnage de la triste période nazie ou un symbole du colonialisme, car l’Allemagne aussi a eu à occuper des territoires en Afrique, dans une moindre mesure certes que les grandes puissances coloniales que furent la France et la Grande-Bretagne.

Rien de tout cela, le nom qui semble fâcher cette fois évoque une race : Mahrenstraße, rue des Maures. A l’origine, le terme désignait pour les Romains les populations berbères de l’ouest de l’Afrique du Nord, correspondant aux territoires actuels du Maroc, de l’ouest de l’Algérie, de la Mauritanie et du Sahara occidental), puis les musulmans pour les Espagnols après la conquête de l’Andalousie et enfin les arabo-berbères, voire les noirs.

La rue en question s’est accommodée de son nom pendant des décennies jusqu’à ce que la mort de Georges Floyd, un noir tué par des policiers américains en mai dernier, sonne la chasse à tout ce qui symbolise le racisme, l’esclavage et le colonialisme partout dans le monde, particulièrement en Occident.

Le débat depuis tourne autour de la question de déboulonner ou pas le passé, avec parfois le passage à l’acte, notamment pour ce qui est des statues représentant les chefs militaires de la guerre de sécession américaine ou des conquêtes coloniales européennes.

Très vite, la vague de « déboulonnage » a atteint tout ce qui peut symboliser le racisme, la discrimination anti-noirs précisément, parfois à l’excès, comme lorsqu’une grande marque mondiale de cosmétiques a décidé de retirer de sa littérature publicitaire les termes « blanchissant », « éclaircissant »…

Des appels sont aussi lancés pour bannir les expressions de la langue employant la couleur noire pour décrire des situations négatives ou désavantageuses : broyer du noir, manger son pain noir, avoir une âme noire, avoir les idées noires, une année noire…

Pour revenir à la station de Berlin, qui portera désormais le nom d’un compositeur russe, cette rebaptisation fait débat. « C’est fantastique. Ce n’est pas normal au XXIe siècle d’avoir des noms de rues avec des termes racistes envers les personnes noires », déclare un résident de la capitale allemande dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux.

Un terme « archaïque » et « discriminatoire »

« Nous avons décidé de débaptiser la station à l’occasion de la journée mondiale de la diversité. Nous travaillons avec des personnes issues de 51 nationalités. Berlin est une ville ouverte sur le monde, tout comme la BVG », explique pour sa part un représentant de la compagnie qui exploite le métro berlinois.

Mais beaucoup ne comprennent pas où est le racisme quand un lieu est baptisé en hommage à une race. « Désolée, mais je ne comprends pas. Surtout quand on a des problèmes plus urgents dans la ville », estime une berlinoise dans la même vidéo.

La réponse est en fait dans la connotation même du terme « maure » dans la langue allemande. Le dictionnaire Duden juge en effet « archaïque » et « discriminatoire » ce terme utilisé en France du XVIIIe siècle pour désigner les personnes noires. Il était donc temps que l’injustice soit réparée.

« Bugeaud a inventé les chambres à gaz »

Parallèlement, le débat sur le déboulonnage du passé se poursuit. En France, les anticolonialistes ne désespèrent pas de débaptiser rues et places publiques qui honorent les auteurs d’exactions et de crimes en Algérie ou ailleurs, malgré le refus du président Macron d’effacer le moindre nom ou trace de son histoire.

Le plus vilipendé c’est le général Bugeaud. Le journaliste Jean-Michel Apathie, revient à la charge dans une émission sur France 5. « Bugeaud a fit enfermer des femmes et des enfants dans des grottes, le feu devant la grotte et tout le monde est mort asphyxié. Bugeaud a inventé les chambres à gaz et il a une rue (…) La conquête de l’Algérie a été terriblement sanglante. On a brûlé des villages, on a tué des gens, c’est une épouvante ». Pour le journaliste, ce qu’a fait Bugeaud en Algérie, c’est plus que des massacres…

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