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Vaccin Sinovac, 3e dose et frontières : entretien avec le Pr Mahyaoui

Vaccin Sinovac, 3e dose et frontières : entretien avec le Pr Mahyaoui

Le Pr Riad Mahyaoui, membre du comité scientifique de suivi de l’épidémie de Covid, revient dans cet entretien sur les perspectives qu’offre pour l’Algérie le lancement ce mercredi à Constantine de la fabrication du vaccin chinois contre le Covid-19.

L’Algérie a lancé ce mercredi la production du vaccin anti-Covid du laboratoire chinois Sinovac. Quelle est votre réaction ?

C’est une bonne nouvelle pour l’Algérie et pour les Algériens qui pourront bénéficier d’un vaccin « Made in Algeria ».

On pourra éventuellement ne pas être tributaire des vaccins importés de l’étranger, d’autant que la tension sur les vaccins au départ ne nous avait pas permis de vacciner massivement. Avec ce projet de fabrication, on va être à l’aise pour vacciner notre population.

L’Algérie peut-elle atteindre ainsi l’immunité collective plus rapidement ?

 Écoutez, l’objectif de tous les pays c’est d’atteindre un niveau de vaccination de plus de 70% déjà pour essayer de revenir à la vie normale, relancer l’économie, reprendre la vie sociale (sport, éducation, commerce…).

C’est cet objectif qu’il faut atteindre à n’importe quel prix et pour cela il est important que les Algériens adhèrent à cette politique de vaccination.

Avec l’usine de Constantine, l’Algérie n’est donc plus dépendante de l’étranger en matière de vaccins anti-Covid ?

Effectivement. Avec ce qui est en train d’être importé et ce qui va être fabriqué ici, on sera largement à l’aise.

On sera dans une situation confortable où l’on n’aura plus cette tension d’attendre que les commandes arrivent, etc. Ce sera aussi une sorte d’autosuffisance en matière de vaccins, cela va nous permettre d’augmenter la cadence de la vaccination.

Cela d’autant plus que nous ne savons toujours pas si le virus va disparaître dans un mois ou deux années, et dans quels cas il va falloir revacciner parce qu’on sait que la durée de validité d’un vaccin varie entre 12 et 13 mois. Je pense que la production du vaccin en Algérie va nous aider à vacciner tous les Algériens qui le voudront.

Beaucoup d’Algériens s’inquiètent du fait que les vaccins chinois ne sont pas encore autorisés en Europe. Que pouvez-vous dire aux personnes qui veulent voyager ?

La situation a l’air de se dénouer pour le vaccin chinois Sinovac  reconnu par la France. Une nouvelle qui a soulagé beaucoup d’Algériens.

L’Algérie enregistre ces derniers jours moins de 200 cas de nouvelles contaminations en 24h. Quelle est votre lecture de la situation épidémique dans le pays ?

C’est une situation épidémiologique stable et confortable. Le pays respire ainsi que les personnels de la santé.

On ne court plus derrière les extracteurs d’oxygène. On souffle enfin et cela nous permet de reprendre des forces et nos esprits pour pouvoir lutter contre ce virus qui n’a pas encore dévoilé tous ses secrets.

Peut-on espérer plus de mesures d’allègement ?

L’allègement sera tributaire de l’augmentation du taux de vaccination : plus on vaccine et plus on allège. On sait que même si on vaccine plus, le virus continuera à circuler. Il ne faut pas l’oublier. Donc, vaccination et application stricte des mesures barrières vont de pair.

En avançant dans la vaccination, il pourrait y avoir l’ouverture totale des frontières ? 

Écoutez, cette décision dépend des autorités supérieures, mais si la situation s’améliore, pourquoi pas. Si le taux de vaccination augmente d’une façon rapide, il y aura probablement de l’allègement.

Que pensez-vous du débat sur la 3e dose du vaccin anti-Covid ?

Effectivement, pas mal de pays l’ont annoncée, quand elle est refusée dans d’autres. L’OMS ne la recommande pas et plaide pour l’équité dans l’accès aux vaccins. Scientifiquement, il n’est pas prouvé que la 3e dose soit indispensable.

En Algérie, elle n’est pas à l’ordre du jour, car notre objectif c’est d’abord de vacciner avec 2 doses les 70% de la population.   

L’Algérie peut-elle être frappée par une 4e vague de la Covid-19 ?

Jusqu’à présent, la 4e vague qui a touché beaucoup de pays n’est pas encore arrivée en Algérie. Sachant que nous avons un décalage de six semaines à deux mois entre nous et l’Europe. Heureusement pour le moment nous n’avons pas eu cette 4e vague.

Au contraire, nous sommes en décrue, ce qui est aussi dû à l’augmentation du taux de vaccination. Ce n’est pas encore le cas, donc, et j’espère qu’il n’y en aura pas, bien que théoriquement normalement on devrait essuyer une 4e vague.

La vigilance notamment l’application des mesures barrières doit être de mise. Il faut continuer à vacciner le maximum. Si l’on veut protéger l’entourage et toute la société, la responsabilité individuelle et collective c’est de se faire vacciner.

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