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Énième campagne de haine contre la Kabylie : l’État est interpellé

Énième campagne de haine contre la Kabylie : l’État est interpellé

Qui joue avec le feu ? Dans quel but ? Une région entière du pays, la Kabylie, est de nouveau visée depuis quelques jours par une campagne de haine exécrable sur les réseaux sociaux.

L’incident du gala artistique de Bouira a donné lieu à des attaques en règle contre tous les habitants de la région.

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Même si ce genre d’animation est une habitude ramadanesque ancrée dans toutes les régions d’Algérie et les habitants de M’chedallah n’ont rien inventé, on aurait mis les réactions entendues çà et là sur le compte de la sacralisation excessive de tout ce qui relève du religieux dans notre société, si la campagne n’a pas débordé pour toucher tout ce qui a trait à la Kabylie.

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Le chanteur-poète Lounis Ait Menguellet organise en ce moment une tournée nationale et c’est l’occasion pour les mêmes voix de s’en prendre à lui dans des termes qu’aucune société civilisée ne saurait tolérer.

Le chanteur a entamé sa tournée à Akbou (Bejaia) avant de se produire à Alger, Oran et Tizi-Ouzou. Tous les galas sont prévus dans des salles fermées et destinées à cet usage.

L’argument de la proximité d’une mosquée ne tient donc en principe plus. Ait Menguellet n’est en outre pas le premier chanteur algérien à se produire en plein mois de ramadan à la salle Atlas de Bab El Oued ou à l’Opéra d’Alger.

Semeurs de haine d’un autre âge

Faute d’arguments, on lui colle l’accusation surréaliste d’appartenir au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK). Non seulement il n’est pas connu pour avoir une telle orientation, mais Ait Menguellet vient tout juste de livrer une réponse sans équivoque au sujet de l’unité nationale.

C’était au premier jour de sa tournée, jeudi dernier à Akbou. « La Kabylie doit être unie avec toute l’Algérie. Ceux qui sont morts pour ce pays ne sont pas morts uniquement pour la Kabylie, ils sont morts pour leur pays qui est l’Algérie. » Clair, net et précis. De surcroît, ces propos publics et repris par les médias ont été tenus il y a moins d’une semaine. L’intention malveillante est manifeste.

Mais là où les choses prennent une tournure gravissime, c’est lorsque, toujours sur les réseaux sociaux, on ose dénier au chanteur kabyle le droit de se produire à Oran, certains appelant même la population de la ville à l’empêcher.

Disparu pendant quelques mois, le mot « zouaves » utilisé pour dénigrer les habitants de la Kabylie revient en force depuis quelques jours. Le pays s’est pourtant doté d’une loi spécifiquement dédiée à la lutte contre le discours de haine.

A quoi servent les textes s’ils sont bafoués au grand jour et à large échelle ? Si ces semeurs de haine d’un autre âge ne tombent pas sous le coup de la nouvelle loi, qui le serait alors ? L’État est interpellé. Il y va de l’image et de la cohésion du pays.

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