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La veuve de Maurice Audin est décédée

La veuve de Maurice Audin est décédée

Elle est partie apaisée après une quête de vérité qui aura duré plus de soixante ans. Josette, la veuve du chahid Maurice Audin est décédée hier à Paris à l’âge de 87 ans, ont rapporté les médias français ce dimanche. Elle rejoint au royaume des justes son mari, engagé dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

Arrêtée le 11 juin 1957 par les paras pendant la bataille d’Alger dans son appartement de Champs de manœuvres, Maurice Audin n’est jamais réapparu et son corps n’a jamais été retrouvé.  Après des décennies, émaillées par des mensonges d’État évoquant une évasion du détenu le 21 juin suivant, le général Paul Aussaresses a avoué avoir donné l’ordre de tuer le mathématicien, membre du Parti Communiste. Le tortionnaire avait demandé une exécution au couteau pour faire croire à un meurtre commis par des Algériens.

Dès la disparition de son mari, la vie de Josette Audin, 25 ans alors, mère de trois enfants et également militante pour l’indépendance de l’Algérie, bascule. Elle sera vouée à une recherche patiente et tenace de la vérité, luttant contre le silence, les mensonges et les lâchetés des hommes. Sa quête concerne en réalité la vérité sur tous les Algériens morts sous la torture.

Lettres aux autorités, plainte contre X dès le 7 juillet 1957, création de comités Audin, elle épuisera toutes les voies pour tenter de savoir ce qui s’est passé ce fameux 21 juin. À l’indépendance, elle fait le choix de rester en Algérie mais se résoudra à quitter le pays pour la libération duquel elle s’est battue après le renversement de Benbella le 19 juin 1965. Juste après son arrivée en France, la Justice annoncera l’extinction de sa plainte, signifiant un enterrement de la vérité. Mais la veuve ne renoncera pas.

Les années 2000 coïncident avec des déclarations d’anciens tortionnaires souhaitant soulager leur conscience. Elle dépose une nouvelle plainte contre X pour séquestration. Elle se solde par un non-lieu. En 2007, elle écrira à Nicolas Sarkozy qui ne répondra jamais. Puis en 2012 à François Hollande à qui elle demande une condamnation de la torture et des exécutions sommaires commises par la France pendant la guerre d’Algérie. En déplacement à Alger, le président socialiste se recueille à la place Audin.  Il ordonne des recherches sur les circonstances de la mort du jeune mathématicien.

Elle sera finalement entendue par Emmanuel Macron. Le 13 septembre dernier, le jeune chef d’État s’est rendu à son domicile de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, pour demander pardon « au nom de la République ». « On restaure un peu de ce qui devait être fait », a-t-il soupiré. Josette l’a remercié « quand même ».

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