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La « ville éponge », une solution contre les inondations en Algérie

La « ville éponge », une solution contre les inondations en Algérie

En automne, les épisodes orageux qui s’abattent sur le nord de l’Algérie provoquent parfois des drames et laissent derrière eux un paysage de désolation.

L’irrégularité des pluies liée au climat méditerranéen est accentuée par les effets du réchauffement climatique. Ce sont des cumuls de pluie considérables qui se déversent en quelques heures. Face à une telle situation, la gestion des eaux pluviales en milieu urbain doit se réinventer.

L’idée nouvelle émise par les urbanistes concerne la « ville éponge« , un concept qui a été mis au point en Chine en 2013. Face à l’extension de l’urbanisation et la saturation des réseaux, l’idée de canaliser à tout prix les eaux de pluie et de les évacuer vers l’aval montre ses limites.

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Un orage sur la capitale ne doit plus laisser des rues inondées comme viennent de le vivre plusieurs quartiers d’Alger samedi 23 octobre. Dans la commune de Sidi-M’hamed, le tronçon de la rue Hassiba Ben-Bouali est souvent inondé, c’est également le cas des trémies situées aux Annassers, ou à proximité de l’hôpital Mustapha-Pacha. À chaque orage, les mêmes scènes sont visibles à Oran ou Constantine.

Le renouveau passe par une gestion in situ des eaux de pluies. Ce qui implique de favoriser l’infiltration de l’eau en limitant l’imperméabilisation des sols et le ruissellement.

Le but est de réduire les volumes d’eau et de débits rejetés dans le réseau urbain et dans les rues. À ce titre, plus que le nécessaire curage saisonnier des avaloirs, il s’agit de dérouter une partie de l’eau vers des zones spéciales d’infiltration en réduisant le recours au « tout tuyau« . À l’étranger, les villes de Lyon ou de Genève sont devenues des références en la matière.

 La ville éponge, nouvelle arme

On peut penser que de tels aménagements sont incompatibles avec la densification de l’habitat urbain et les surfaces recouvertes par le béton et le bitume.

Or, rien n’est plus faux, des espaces existent. Dans le cas des collectivités, ce sont les terrains de jeux, les parcs, les places ou les espaces verts le long des voiries. Dans le cas des particuliers, ces espaces concernent le jardin, l’entrée, la toiture ou le parking. Selon la nature des terrains, les équipements nécessaires à l’infiltration peuvent être intégrés dans les espaces publics et privés tout en préservant le cadre de vie.

Dans le cas des parkings, le sol peut être recouvert de pavements perméables à l’aide de structures alvéolaires. Sur les trottoirs, il s’agit de permettre à l’eau de pluie d’accéder au sol en évitant que celui-ci soit recouvert de ciment ou qu’un rebord empêche l’eau d’arriver à proximité du tronc des arbres.

Le long des routes, les noues enherbées (fossés à pente douce) peuvent permettre le stockage provisoire de l’eau et son infiltration. Des structures de plus grande ampleur peuvent retenir momentanément la lame d’eau des orages, c’est le cas des bassins de rétention urbain ou bassin paysagers.

Afin de les intégrer à la ville, ces bassins enherbés de faible profondeur peuvent servir en temps normal d’aires de jeux ou de terrain de sport. L’idéal est que ces équipements soient pensés dès l’amont du projet.

Quant aux terrasses des immeubles, elles peuvent servir de lieu de stockage provisoire d’eau ou de réceptacle afin de canaliser l’eau recueillie vers des puits d’infiltration. Certaines terrasses peuvent être végétalisées par l’installation de plantes grasses résistant au sec. Ces terrasses peuvent ainsi permettre une régulation du débit d’écoulement des eaux avec notamment une réduction du débit de pointe. Un autre avantage des terrasses réside dans l’absence d’emprise foncière.

Réduire l’imperméabilisation des sols permet également de réduire les îlots de chaleur dans les villes. Les scènes de désolation après un orage peuvent être évitées. La condition est qu’architectes, urbanistes, APC et entreprises d’espaces verts s’engagent vers une gestion alternative des eaux pluviales en établissant de concert des schémas directeurs concernant les eaux pluviales.

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