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L’affaire de l’assassinat de Djamel Bensmaïl en six points

L’affaire de l’assassinat de Djamel Bensmaïl en six points

Il y a une semaine, jour pour jour, le mercredi 11 août, le jeune Djamel Bensmail était lynché à mort par une foule en furie, à Larbaâ Nath Irathen alors que la région était confrontée à des incendies dévastateurs.

Pris pour un pyromane, il a été assassiné et son corps brûlé. Le crime odieux a choqué les Algériens. Retour sur cette tragédie en six points.

Le meurtre

L’assassinat de Djamel Bensmaïl à Larbaa Nath Irathen mercredi 11 août est survenu alors que la région faisait face depuis trois jours à d’immenses incendies qui ont fait 90 morts et détruit des villages.

| Lire aussi : Jeune tué en Kabylie : la leçon de dignité du père de la victime

Djamel est venu de Miliana pour aider la population de la région. On ne sait pour quelle raison et par qui il a été accusé d’être un pyromane. La police l’emmène au commissariat de la ville et la foule, en colère, encercle le fourgon, le fait sortir et le lynche à mort dans la cour même du siège de la sûreté de daïra. Traîné jusqu’à la place du centre-ville, son corps est brûlé et mutilé.

L’onde de choc

Le sort atroce qu’a subi Djamel Bensmaïl a été filmé sous tous les angles, depuis sa désignation comme un pyromane jusqu’à l’incinération et la profanation de son cadavre.

Les images insoutenables ont été diffusées sur les réseaux sociaux presque en temps réel. Les Algériens en ont été choqués et le seront encore plus lorsqu’ils apprendront la véritable identité de la victime : un artiste peintre et guitariste venu en Kabylie avec les meilleures intentions.

Tout le pays est ému par ce qui est arrivé au jeune homme de 35 ans. Depuis, l’affaire tient en haleine l’opinion publique et fait presque oublier les dizaines de victimes des incendies.

L’attitude digne et responsable du père de la victime

« Ses propos sont telle une pluie qui s’abat sur le brasier de la haine ». C’est ainsi qu’ont été qualifiées les déclarations du père de la victime juste après l’assassinat de son fils.

« Nous ne voulons pas la fitna, les Kabyles sont nos frères », a-t-il déclaré, coupant l’herbe sous les pieds des haineux de tout bord. Noureddine Bensmaïl se rend à Tizi-Ouzou pour récupérer la dépouille de son fils et tient les mêmes propos.

« J’ai perdu un fils et j’ai gagné une wilaya », dit-il à ceux qui l’ont accueilli à l’hôpital de la ville. « La mort de mon fils rassemblera les Algériens », insiste-il à son retour à Miliana. « L’Algérie a une dette envers Noureddine Bensmaïl », a estimé la politologue Louisa Aït Hamadouche.

Les réactions

L’assassinat de Djamel a fait réagit toute l’Algérie. Toute la Kabylie s’est démarquée de cet acte odieux et l’a condamné sans réserves. Les sages de Larbaâ Nath Irathen ont fait une déclaration le lendemain, condamnant le meurtre ignoble, présentant les excuses de toute la région à la famille du défunt et demandant que justice soit faite.

De nombreux partis politiques ont également réagi, condamnant unanimement ce qui s’est passé, de même que de nombreuses personnalités nationales d’horizons divers.

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a évoqué l’affaire à deux reprises. La première fois dans un discours à la Nation prononcé jeudi 12 août, dans lequel il a insisté sur la préservation et la défense de l’unité nationale.

Il a indiqué que seule la justice est habilitée à se prononcer, soulignant que ce ne sont pas tous les habitants de la région qui sont derrière cet acte. Il réitérera la même chose samedi 14 août lorsqu’il rend visite aux blessés civils et militaires des incendies.

Les haineux à l’affût

L’assassinat de Djamel a été mis à profit par les tenants du discours haineux et discriminatoire pour déverser leur fiel sur la Kabylie qu’ils ciblent au grand jour depuis plus de deux ans.

Une première plainte contre X a été déposée ce mardi 17 août par Mokhtar Bensaïd, président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADH), auprès du tribunal d’Annaba. Elle fait suite à la diffusion d’une vidéo appelant à « rayer la Kabylie de la carte ».

L’enquête

L’enquête ne devrait pas a priori être difficile, puisque toutes les étapes du crime ont été filmées. Dimanche 15 août, le directeur de la police judiciaire a révélé en conférence de presse que 36 personnes ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête. Il a expliqué l’attitude de la police par des instructions données pour ne pas utiliser les armes à feu afin d’éviter tout dérapage. Des aveux des présumés coupables ont été diffusés, ainsi que certaines images du crime.

Mardi 17 août, la DGSN indique dans un communiqué que 25 autres suspects ont été arrêtés, dont certains en fuite dans plusieurs wilayas. 61 personnes au total, « impliquées à différents degrés », ont été arrêtées. La police affirme que le meurtre est la conclusion d’un complot, œuvre d’un réseau classé « organisation terroriste ».

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