Société

Rebond du Covid-19 en Algérie : que faut-il faire ?

La situation sanitaire s’est sérieusement détériorée en Algérie ces dernières semaines. Hier, mercredi 12 janvier, les contaminations au Covid-19 ont franchi la barre des 600 cas positifs  recensés en 24 heures. Une première depuis le 20 août dernier.

Pour le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), cette situation était prévisible. « Il aurait fallu réagir avant. Le constat est amer », a-t-il dit dans une déclaration à TSA, ce jeudi 13 janvier.

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« Ce que l’on redoutait est là aujourd’hui. Cela fait plusieurs semaines que l’on alertait les citoyens et les responsables à tous les niveaux de la possibilité avérée d’être dans une nouvelle vague », a-t-il rappelé.

Un rebond des contaminations que selon le professeur Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), impute au dernier variant en date du coronavirus, Omicron.

« Nous sommes dans une opacité épidémiologique. Nous ne savons pas exactement ce qui se passe. Cette augmentation est liée certainement à Omicron, même si nous ne pouvons pas le confirmer, étant donné qu’il n y a pas séquençages tous les jours. Mais c’est la seule explication possible », soutient le Pr Khiati.

Une situation sanitaire jugée inquiétante, particulièrement à Alger. En effet, dans de nombreux établissements hospitaliers de la capitale, les services de réanimation commencent affichent déjà complets.

« Au niveau des structures de santé, nous commençons réellement à ressentir le poids de cette situation sanitaire qui est en train de se détériorer rapidement, non seulement par rapport au nombre de cas qui augmente, mais aussi par rapport aux situations urgentes que nous devons prendre en charge et les difficultés que nous avons à assurer des lits d’hospitalisation à tout le monde »,  indique le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique.

Pour le Dr Merabet, qui réitère son appel à la vaccination, « seul moyen de se protéger contre les formes graves de la maladie »,  il est impératif de faire appliquer les protocoles sanitaires et de veiller au respect des gestes barrières, particulièrement le port du masque qui, selon lui, «représente  90% de la protection individuelle ».

« La responsabilité est identifiée, le protocole l’est aussi. Les moyens doivent être mis en place. Il faudrait faire en sorte d’appliquer la réglementation et faire dans la sanction », a-t-il dit.

Autre point soulevé par le président du SNPSP, l’instauration du pass vaccinal en Algérie. Une mesure  « qui a été annoncée mais pour laquelle rien n’a été fait concrètement », estime-t-il.

« Il faut accélérer la mise en place du pass sanitaire et du pass vaccinal. Nous avons pris beaucoup de retard par rapport à cette décision », a-t-il déploré.

Pour le Pr Khiati, cette flambée épidémique et l’arrivée d’ Omicron en Algérie relancent le débat sur l’immunité collective. Pour lui, il y a deux hypothèses possibles.

Première hypothèse : « maintenir les mesures classiques (gestes barrières et protocoles sanitaires) ». Des mesures classiques « efficaces », mais qui, selon lui, « en absence de vaccination posent problème », considère-t-il.

Deuxième hypothèse formulée par le président de la Forem : la théorie de l’immunité collective.

Selon lui, “il faudrait, peut-être, laisser les choses faire et laisser le maximum de personnes contaminées pour avoir une immunité de groupe », a-t-il suggéré.

Le Pr Khiati, qui rappelle que “selon les études, Omicron est moins dangereux que les variants précédents”, appelle le comité scientifique à se pencher sur la question.

« Le comité scientifique devrait donner son avis et travailler sur ça. Il est composé de plusieurs personnes censées suivre ce phénomène depuis le début. C’est à son niveau que doit être émise cette idée. Des scientifiques de haut niveau soutiennent cette hypothèse. Il y a donc lieu de la prendre au sérieux », a-t-il conclu.

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