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Santé : ces biotechs qui veulent vaincre le cancer

Santé : ces biotechs qui veulent vaincre le cancer

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En Algérie, où le cancer est la deuxième cause de mortalité, le défaut de prise en charge suffisante de la maladie est régulièrement souligné.

Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le cancer, deuxième cause de mortalité dans le monde, est responsable d’un décès sur six. En 2015, il a fait 8,8 millions de morts. En outre, le « nombre de nouveaux cas devrait augmenter de 70% environ au cours des deux prochaines décennies », indique l’OMS.

Certes, on pourra rétorquer que les taux de survie pour certains cancers, en raison d’un dépistage plus précoce, augmentent aussi. En France par exemple, une enquête publiée par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Institut national du cancer (Inca) en février 2016 dévoilait le pourcentage de survie à 5 ans : 94% pour un cancer de la prostate entre 2005 et 2010, contre 72% entre 1989 et 1993.

Mais ces taux de survie diffèrent en fonction des pays et de l’univers socio-économique du patient. En Algérie, par exemple, où le cancer est la deuxième cause de mortalité, le défaut de prise en charge suffisante de la maladie est régulièrement souligné.

Améliorer la survie des patients

Pourtant, en parallèle, les innovations pour déceler cette maladie ou améliorer la vie du patient se multiplient en France ou aux États-Unis, deux pays en tête dans le développement des « biotechs ». Ces dernières sont des sociétés spécialisées dans les biotechnologies, et concentrent notamment leurs études sur le cancer afin d’élaborer de nouvelles thérapies.

En début de semaine, la société française Erytech Pharma a annoncé des résultats positifs d’une étude clinique, en combinaison avec la chimiothérapie, sur le cancer métastatique (les cellules tumorales se développent dans d’autres organes) du pancréas. Ce type de cancer du pancréas est particulièrement agressif, avec une espérance de survie à 5 ans inférieure à 10%, rappelle Erytech Pharma dans un communiqué.

Bien que les conclusions de ces essais ne soient que provisoires, elles ont été suffisantes pour emballer les marchés. Cette annonce a fait décoller le titre à la Bourse de Paris : plus 74,83% à la clôture lundi 27 mars. Le communiqué de Erytech Pharma annonce des chiffres encourageants, mais loin d’être miraculeux, puisque la survie des patients est repoussée de 19 à 26 semaines grâce à cette nouvelle thérapie, soit un gain médian de 7 semaines.

D’autres sociétés de biotechnologies travaillent sur des approches qui associent les différents traitements existants. La française Onxeo, spécialisée dans la recherche et le développement de nouveaux traitements des cancers orphelins, évoque même « un nouveau paradigme de traitement du cancer ».

Dans un communiqué publié fin janvier, cette société a annoncé, en partenariat avec l’institut français de recherche Curie, une nouvelle stratégie thérapeutique associant radiothérapie, immunothérapie et des inhibiteurs bloquant la réparation des ADN tumoraux (afin d’éviter que la tumeur ne poursuive son développement). Cette stratégie vise à traiter des cancers « pour lesquels on ne trouve pas de solution thérapeutique satisfaisante », expliquait début février Judith Greciet, directrice générale d’Onxeo, dans une interview à La Tribune. Ce projet n’est encore toutefois qu’à une étape précoce, précisait Judith Greciet.

Médecine prédictive et personnalisée

La start-up marseillaise GenePred a quant à elle développé des algorithmes d’analyse permettant de prédire, sur la base de données génétiques du patient, si ce dernier est susceptible de développer une fibrose du foie, pouvant notamment dégénérer en cirrhose ou en cancer.

Grâce à cet outil prédictif, les médecins pourront adapter le traitement, et anticiper le risque de cancer. Si ces innovations prennent du temps à se concrétiser, elles sont surtout une affaire de gros sous. Pour mener à bien ses projets, l’entreprise prépare une levée de fonds de 10 millions d’euros, après avoir déjà réuni 1,2 million d’euros en février 2016.

Outre-Atlantique, Grail, une biotech californienne s’est pratiquement hissée au rang de « licorne » (une start-up dont la valorisation boursière dépasse 1 milliard d’euros). Début mars, la jeune pousse a levé 900 millions de dollars afin de concevoir un test sanguin qui permettrait, via l’ADN, de dépister le cancer avant que n’apparaissent les symptômes.

Elle compte des investisseurs de renom, à la tête de mastodontes : Bill Gates, le fondateur de Microsoft ou Jeff Bezos, le patron d’Amazon. Grail n’est toutefois pas une inconnue dans le secteur puisqu’elle appartient à Illumina, une entreprise de biotechnologie américaine pionnière du séquençage ADN, créée en 1998, devenue leader mondial en la matière.

Lancée en 2016, Grail est dirigée par Jeff Huber, un ancien de Google, qui confie dans une interview au magazine Forbes, relever ce nouveau défi professionnel en grande partie pour sa femme, décédée d’un cancer en 2015. « Si Grail avait existé auparavant, il y a trois ans, quatre ans ou cinq ans, quand ma femme a fait son bilan de santé annuel (…), il y a de très fortes chances pour que le résultat eût été différent », estime Jeff Huber.

Toutefois, il n’est pas certain que les laboratoires pharmaceutiques voient d’un très bon œil que l’on puisse, dans un avenir proche, détecter précocement un cancer. En effet, le marché des médicaments anticancéreux est extrêmement lucratif. Début janvier, un article de Bloomberg citait l’exemple d’un médicament utilisé aux États-Unis. Son coût : entre 12 500 et 13 000 dollars par mois de thérapie par patient.

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