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Tebboune à Moscou : une visite à forts enjeux économiques et stratégiques

Tebboune à Moscou : une visite à forts enjeux économiques et stratégiques

Les relations entre l’Algérie et la Russie sont historiques et ne peuvent de ce fait pas changer malgré les changements dans le monde.

Cette phrase lourde de sens a été prononcée par le président Abdelmadjid Tebboune au cours de sa rencontre avec le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine, au deuxième jour de sa visite à Moscou entamée mardi 13 juin. Une visite sur laquelle beaucoup a été dit ces derniers mois, du fait de la conjoncture internationale.

La Russie est en guerre contre l’Ukraine depuis février 2022 et l’Algérie, fidèle à ses traditions de non-alignement, est restée à équidistance entre Moscou et les Occidentaux qui soutiennent Kiev.

Le président Tebboune a réitéré à plusieurs reprises que la Russie, les États-Unis, la Chine et les pays européens étaient des pays amis de l’Algérie.

Avec la Russie, comme il l’a donc rappelé, la relation est historique, comme le symbolise la stèle inaugurée ce mercredi à Moscou en hommage à l’Emir Abdelkader, en présence du président Tebboune. Lors de son exil en Syrie, dans la deuxième moitié du 19e siècle, l’Emir Abdelkader avait sauvé et protégé les employés du consulat russe à Damas.

L’Union soviétique a aussi apporté son soutien au peuple algérien pendant la guerre de Libération. Après l’indépendance, un vaste partenariat a été noué entre les deux pays dans divers domaines. Après le démantèlement de l’URSS, son héritière, la Russie, est restée le principal fournisseur d’armes de l’Algérie.

Les deux pays veulent élargir leur partenariat à d’autres domaines et c’est dans cette optique que s’inscrit la visite du président algérien en Russie. Tebboune est arrivé mardi soir à Moscou.

Ce mercredi, il a présidé l’ouverture d’un forum d’affaires en présence de 70 opérateurs algériens et 200 hommes d’affaires russes.

Le président est revenu longuement sur les réalisations et les mutations économiques de l’Algérie ces dernières années, et l’effort soutenu pour s’affranchir des hydrocarbures, soulignant que les exportations hors hydrocarbures ont atteint l’année dernière pour la première fois près de 7 milliards de dollars et que l’objectif pour cette année est d’arriver à 13 milliards de dollars. Les revenus des hydrocarbures seront désormais consacrés au développement.

Algérie – Russie : les messages forts de Tebboune

Il a ensuite invité les opérateurs russes à participer à cet effort, mettant en exergue les « moyens importants de coopération » qui sont disponibles dans divers domaines, citant le transfert technologique, le tourisme, l’agriculture et les sciences.

Abdelmadjid Tebboune a indiqué que l’Algérie mettra en œuvre dans les prochaines années un plan d’investissement dans l’énergie, les infrastructures, l’agriculture et l’agroalimentaire, les produits pharmaceutiques et les industries de transformation.

« Vous êtes devant de réelles opportunités pour explorer les possibilités d’intégration économique dans de nombreux domaines », a-t-il dit aux opérateurs algériens et russes.

Néanmoins, l’objet de la visite n’est pas qu’économique. Il est aussi politique et stratégique. « Ces dernières années, nos rapports n’ont pas évolué vite, nous devons les renforcer », a déclaré le président algérien, cité par l’agence Sputnik.

Ce jeudi, Abdelmadjid Tebboune aura des pourparlers avec le président russe Vladimir Poutine et les deux parties procéderont à la signature de la « Déclaration algéro-russe pour un partenariat stratégique élargi ». La déclaration marquera « le passage à un niveau plus élevé de l’interaction entre les deux pays », a estimé le Premier ministre russe.

L’Algérie compte aussi beaucoup sur Moscou pour l’aider à rejoindre le groupe des Brics, constitué du Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.

Moscou a fait savoir qu’elle soutenait la candidature de l’Algérie. Elle salue aussi la décision de l’Algérie de « resserrer les liens » avec l’Union économique eurasiatique (UEEA).

Cette organisation économique régionale comprend, outre la Russie, l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan et le Kirghizstan.

« Je suis persuadé que les cinq pays salueront le resserrement des liens avec l’Algérie dans un vaste éventail de domaines », a commenté le Premier ministre russe à l’issue de sa rencontre avec le président algérien. Ce jeudi 15 juin, celui-ci assistera également au forum économique mondial de Saint-Pétersbourg.

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