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Verts : pourquoi l’attitude de Delort est difficilement pardonnable

Verts : pourquoi l’attitude de Delort est difficilement pardonnable

Andy Delort n’est plus sélectionné en équipe d’Algérie de football et risque ne plus revêtir la tunique des Verts tant que Djamel Belmadi en est le sélectionneur.

Il n’y a rien de personnel entre les deux hommes, mais on voit mal le coach, intransigeant sur l’engagement, passer l’éponge sur le comportement de l’attaquant dans une phase cruciale pour l’équipe nationale, qui se bat pour retrouver son statut de mondialiste après avoir raté la Coupe du monde 2018 en Russie.

Beaucoup n’avaient pas compris la non-sélection pour le stage de ce mois d’octobre de Delort, auteur d’un bon début de saison, d’abord avec Montpellier puis avec l’OGC Nice.

Lire aussi : Affaire Delort – Belmadi : grosse polémique en France

Interrogé en conférence de presse jeudi 7 octobre, Djamel Belmadi a préféré laisser le sujet Delort pour la fin. C’est qu’il avait des choses à dire. Belmadi a confirmé ce que des journaux avaient rapporté quelques jours auparavant, à savoir que Delort n’a pas été sélectionné parce qu’il voulait faire l’impasse sur la prochaine coupe d’Afrique des nations, à la demande de son club.

Le sélectionneur national révèle que l’attaquant de Nice lui a explicitement fait part de son vœu de « mettre entre parenthèses l’équipe nationale pendant un an » pour se consacrer à son club. « L’engagement avec l’équipe nationale, c’est primordial », a tonné le coach des Verts.

Dans sa réponse survenue le même jour, Delort n’a rien nié. « Je vais avoir 30 ans dans deux jours et je suis à un moment charnière de ma carrière : je viens d’arriver dans un club où l’exigence et la concurrence sont beaucoup plus élevées, je veux mettre toutes les chances de mon côté », a-t-il expliqué.

Sans Delort, l’équipe nationale a joué ses deux matchs face au Niger et les a gagnés sur des scores lourds. Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Djamel Belmadi est revenu à la charge mercredi 14 octobre et tient des propos qui laissent penser que la rupture est définitive.

« Donc nous on va jouer sous 40° au Niger, dans des conditions exécrables, on va se taper dans toute l’Afrique pendant une campagne de qualifications qui est un peu un enfer, et quand tout est fait, quand tout est réglé, le monsieur revient comme une petite mariée : ‘C’est bon je suis dispo maintenant’ ? C’est doublement nous manquer de respect », a-t-il expliqué sur RMC Sport.

Andy Delort a-t-il donc manqué de respect à son coach, ses coéquipiers et tout le public algérien ? Il faut dire que très peu de voix ont pris sa défense, tant en Algérie qu’en France, mis à part du côté de l’OGC Nice, étant donné que le club est lui aussi mis en cause directement.

D’abord par Djamel Belmadi qui a révélé que le club a demandé à tous ses « Africains » de faire l’impasse sur la prochaine CAN, puis par d’anciens joueurs et entraîneurs français qui n’ont pas donné raison à l’entraîneur de Nice, Chistophe Galtier.

Ce dernier s’en est d’ailleurs pris au sélectionneur algérien qu’il a qualifié d’ « excessif ». « Mettre la responsabilité sur le club, c’est malhonnête », a-t-il dit.

A ce niveau, c’est du jamais vu

En dehors de l’encadrement de l’OGC Nice, l’attitude d’Andy Delort est unanimement condamnée. A ce niveau, c’est peut-être du jamais vu. La disponibilité des joueurs professionnels pour leur sélection est régie par les règles de la Fifa et ne fait pas l’objet de négociations.

S’il faut parler de concurrence en club, Ryad Mahrez en connaît quelque chose à Manchester City, mais il n’a jamais demandé à faire l’impasse, ne serait-ce que sur un stage.

Un joueur, ou il annonce dûment la fin de sa carrière internationale, ou il se met à la disposition de la sélection, à tout moment et pour tous les matchs pour lesquels le sélectionneur jugera utile de l’appeler.

L’histoire de Delort est un cas qui fera date dans les annales. La colère de Belmadi se comprend aisément, sachant que l’équipe nationale a ouvert ses portes au joueur naturalisé algérien alors que la concurrence faisait rage en son sein, et elle est en droit d’attendre autre chose de sa part que de la « mettre entre parenthèses ».

Delort a été sélectionné pour la première fois en mai 2019, juste avant la CAN que l’EN remportera deux mois plus tard en Egypte. En demandant une dispense d’un an, son objectif est clairement de revenir juste avant la Coupe du monde 2022.

Et s’il devra être pris dans le groupe qui ira au Qatar, si les Verts se qualifient, ce sera au détriment d’un autre joueur qui aura fait la dure campagne des qualifications.

L’Algérie devra déjà se battre pour s’extirper de ce groupe A des éliminatoires pour le mondial 2022, où le Burkina Faso ne lâche rien, puis, en cas de qualification, en match de barrage face à un ténor africain.

En privilégiant sa carrière au détriment de la sélection, Delort a commis une faute qui est difficilement pardonnable. Reste maintenant à savoir si sa décision ne fait pas suite à sa frustration d’avoir un faible temps de jeu sous la houlette de Djamel Belmadi.

Il l’a d’ailleurs insinué dans sa réponse au coach le 7 octobre : « Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en compte : tout d’abord, et c’est très important, le rôle qui est le mien en sélection (4 titularisations en 11 sélections). »

Son entraîneur en club a aussi reproché à Belmadi de ne pas beaucoup utiliser Delort, et même l’autre international algérien de Nice, Hicham Boudaoui.

« Hicham est souvent appelé, il joue très peu. Il voyage beaucoup, il prend l’air », a déclaré Christophe Galtier. Mais il y a une autre règle du football que l’on semble ignorer là aussi. Le sélectionneur est seul habilité à décider de qui va jouer et combien. Son rôle n’est pas de partager le temps de jeu entre les joueurs, c’est de faire gagner l’équipe et Belmadi le fait jusque-là plus que bien.

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