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Séisme de Boumerdès, 19 ans après : l’Algérie a-t-elle tiré des leçons ?

Séisme de Boumerdès, 19 ans après : l’Algérie a-t-elle tiré des leçons ?

Il y a 19 ans jour pour jour, l’Algérie était frappée par un séisme dévastateur. La commune de Zemmouri, dans la wilaya de Boumerdès, a été l’épicentre de ce tremblement de terre d’une magnitude de 6,7 sur l’échelle ouverte de Richter.

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Le tremblement de terre a fait des milliers de morts et causé d’importants dégâts matériels. Il a révélé des failles majeures dans la protection des constructions contre les séismes en Algérie. A-t-on appris les leçons de ce séisme destructeur ?

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Dans cet entretien, le Pr Abdelkrim Chelghoum, président du Club des risques majeurs, revient sur ce douloureux événement et pointe la vulnérabilité de l’Algérie face aux tremblements de terre.

Tout d’abord un mot sur cet anniversaire douloureux ?

Comme vous le savez, c’est le 19e anniversaire du tremblement de terre qui a secoué la région de Boumerdès, et qui a fait plus de 3 500 victimes, avec pratiquement 12 000 blessés graves et plus de 120 000 sans-abris.  Sans oublier les dégâts matériels énormes.

Il avait provoqué l’arrêt pratiquement de toute la chaîne économique pendant 2 ou 3 mois dans toute la région centre. C’est un anniversaire très douloureux, et nous avons toujours une pensée pieuse pour toutes les victimes.

Maintenant, les causes nous les avons établies, déjà en 2003. Elles sont dues aux carences notoires dans le domaine du non-respect de la construction.

On s’est aperçu que les bâtiments et des ouvrages très importants se sont effondrés en quelques secondes et qui étaient malheureusement contrôlés par le CTC (contrôle technique), qui est l’organe étatique public de contrôle des ouvrages publics.

Nous avions émis beaucoup de recommandations, lors de plusieurs séances de travail avec le ministère de l’Habitat et le ministère des Travaux publics. Il y a eu une actualisation de la réglementation parasismique.

Mais cela n’était pas suffisant puisque ce n’était qu’un début et qu’il fallait dégager des commissions d’experts pour élaborer une réglementation parasismique plus frontale, intelligente et fiable.

A même de nous permettre d’augmenter le seuil de sécurité de tous les ouvrages d’art et les bâtiments en Algérie.

Malheureusement depuis 2003, je vous le dis honnêtement, rien n’a été fait dans ce domaine, la réglementation étant restée figée, circonscrite à des petites constructions.

Il y a eu aussi de nouvelles constructions qui ont été érigées sur des sites non constructibles et vulnérables aux activités sismiques. Cela va poser un gros problème s’il y a un séisme qui secoue Oran ou Alger…

Avez-vous l’impression que l’Algérie a tiré les leçons du séisme de 2003 ?

Non, du tout. Malheureusement, il faut dire que pour toutes les catastrophes et les risques majeurs dans notre pays, les enseignements ne sont jamais tirés.

Que ce soit pour les inondations de Bab El Oued (2001) et de Ghardaïa (2008), le séisme de Boumerdès et le dernier séisme qui a frappé Cap Carbon à Bejaïa…

Il y a aussi le vieux bâti…

En Algérie, il y a 1,5 million de bâtisses qui remontent à l’époque coloniale et qui datent d’un siècle. Elles ne sont pas réalisées selon les normes parasismiques contemporaines.

Nous avons demandé l’élaboration d’une réglementation pour le vieux bâti qui permette d’abord une expertise et la réhabilitation et renforcement ou la démolition pour éviter qu’il y ait mort d’homme. Il n’y a aucune réglementation concernant l’ancien bâti.

L’Algérie est le théâtre depuis quelques mois d’une succession de secousses telluriques parfois fortes. Faut-il s’en inquiéter ?

Je vais vous dire : les séismes sont des phénomènes « intelligents », imprédictibles et imprévisibles. Et là la seule chose qui vaille c’est notre façon de construire. Avons-nous construit selon la réglementation ou pas ?

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